D\u00e9finition du principe<\/h3>\n![\"L'orgue](\"https:\/\/www.orgue-en-france.org\/wp-content\/uploads\/2016\/08\/Grimaud1-225x300.jpg\")
<\/a>L’orgue Quoirin de Grimaud, dot\u00e9 d’une transmission proportionnelle<\/figcaption><\/figure>\n<\/h3>\n
Jusqu\u2019\u00e0 aujourd\u2019hui, la f\u00e9e \u00e9lectricit\u00e9 appliqu\u00e9e \u00e0 la transmission des notes ne permettait qu\u2019une ouverture non graduelle de la soupape par l\u2019\u00e9lectro-aimant. La vitesse d\u2019ouverture de ce dernier \u00e9tait fix\u00e9e d\u00e9finitivement par le constructeur de cet \u00e9lectro-aimant, r\u00e9guli\u00e8re, constante, non modulable. En d\u2019autres termes, on\/off<\/em>.<\/p>\nMais le d\u00e9sir demeure constant chez la plupart des musiciens-organistes, la nostalgie irrempla\u00e7able et l\u00e9gitime d\u2019une ouverture de la soupape ma\u00eetris\u00e9e par son propre toucher.<\/p>\n
Pourquoi\u00a0?<\/p>\n
Parce que de tout temps une soupape ouverte lentement ou vitement, mollement ou s\u00e8chement, ne donne pas le m\u00eame son, le m\u00eame m\u00e9lange entre la fondamentale et les harmoniques d\u2019un tuyau-son, les m\u00eames transitoires d\u2019attaque ou d\u2019extinction. Ces multiples grains de beaut\u00e9 invisibles qui participent globalement au charme de tout \u00eatre vivant.<\/p>\n
L\u2019informatique moderne s\u2019est pench\u00e9e sur ce probl\u00e8me et a invent\u00e9 la transmission proportionnelle. Gr\u00e2ce \u00e0 laquelle les deux mouvements, celui de la touche du clavier et celui de la soupape tir\u00e9e par un \u00e9lectro-aimant peuvent \u00eatre d\u00e9sormais rigoureusement identiques.<\/p>\n
Fonctionnement<\/h3>\n
Un syst\u00e8me, sous la forme d\u2019un bo\u00eetier primaire, situ\u00e9 dans la console, analyse finement la position des touches des claviers enfonc\u00e9es et transmet les donn\u00e9es \u00e0 un autre syst\u00e8me, bo\u00eetier secondaire situ\u00e9 dans l\u2019orgue. Ce dernier traite les donn\u00e9es re\u00e7ues et transmet \u00e0 chaque \u00e9lectro-aimant, par le biais d\u2019une carte de contr\u00f4le, la position exacte et unique o\u00f9 il doit se positionner.
\nLe micro-processeur de la carte de contr\u00f4le de l\u2019\u00e9lectro-aimant lit un millier de fois par seconde la position aussi bien que la course de l\u2019\u00e9l\u00e9ment mobile de l\u2019\u00e9lectro-aimant reli\u00e9 \u00e0 la soupape, corrigeant en fonction la valeur du courant \u00e9lectrique l\u2019alimentant.<\/p>\n
Qualit\u00e9s et avantages du syst\u00e8me proportionnel<\/h3>\n
La qualit\u00e9 du toucher retrouv\u00e9e<\/strong>
\nLa finalit\u00e9 du syst\u00e8me de transmission proportionnelle est identique \u00e0 celle de la transmission m\u00e9canique directe\u00a0: ma\u00eetriser l\u2019attaque et le l\u00e2cher.
\nLe mouvement de la soupape redevient effectivement directement proportionnel \u00e0 celui de la touche. Le geste de l\u2019organiste est donc fid\u00e8lement \u00e0 nouveau retransmis. Le geste du l\u00e2cher (aussi important que le geste d\u2019attaque) est compl\u00e8tement ma\u00eetrisable.
\nIl y a une r\u00e9elle sensation du contact direct avec le son.<\/p>\nPlusieurs configurations du toucher possibles<\/strong>
\nAu plan musical, ce nouveau principe de traction se pr\u00eate bien \u00e0 diff\u00e9rentes mani\u00e8res de toucher le clavier.
\nUn programme int\u00e9gr\u00e9 au syst\u00e8me permet de varier le param\u00e9trage \u00e0 volont\u00e9, selon le choix de l\u2019organiste, afin de fixer le niveau de d\u00e9clenchement (attaque) et de rupture (extinction, l\u00e2ch\u00e9) \u00e0 sa convenance. Sa pr\u00e9cision permet tr\u00e8s facilement une articulation rigoureuse, un d\u00e9tach\u00e9 ou un jeu legato des plus stricts.
\nDe la m\u00eame fa\u00e7on que dans l\u2019habituelle transmission \u00e9lectrique on\/off<\/em>, la duret\u00e9 cumul\u00e9e des accouplements est inexistante. Ceux-ci peuvent \u00eatre effectu\u00e9s, si on le souhaite, soit \u00e0 l\u2019unisson, soit \u00e0 l\u2019octave grave ou aigu\u00eb, mais aussi \u00e0 tous les intervalles possibles.<\/p>\nAffranchissement de contraintes dans la cr\u00e9ation de buffets<\/strong>
\nAujourd\u2019hui, le syst\u00e8me proportionnel, tout en garantissant une ma\u00eetrise du toucher, lib\u00e8re l\u2019architecture traditionnelle de l\u2019orgue dont la forme g\u00e9n\u00e9rale des buffets reste (\u00e0 quelques exceptions pr\u00e8s \u2014 on pense notamment \u00e0 Weingarten) tr\u00e8s conditionn\u00e9e par les limites structurelles des tractions m\u00e9caniques.
\nAvec ce nouveau syst\u00e8me proportionnel, les parties instrumentales de l\u2019orgue se trouvent donc ainsi d\u00e9livr\u00e9es de toutes les anciennes contraintes n\u00e9cessairement induites par la transmission m\u00e9canique.
\nDe nouvelles dispositions instrumentales et une nouvelle architecture, lib\u00e9r\u00e9e de ces astreintes, sont aujourd\u2019hui envisageables dans de meilleures conditions.<\/p>\nArgument \u00e9conomique<\/strong>
\nL\u2019autre avantage de la transmission proportionnelle est d\u2019ordre \u00e9conomique. Au-del\u00e0 d\u2019un certain nombre de jeux, le co\u00fbt est inversement proportionnel \u00e0 celui d\u2019une solution enti\u00e8rement m\u00e9canique. Plus l\u2019orgue est important, plus le co\u00fbt de la transmission des notes diminuera en comparaison avec celui de la solution enti\u00e8rement m\u00e9canique qu\u2019il serait alors n\u00e9cessaire d\u2019utiliser pour l\u2019\u00e9quiper avec un syst\u00e8me d\u2019assistance type levier Barker, moteurs pneumatiques ou tout autre syst\u00e8me assimil\u00e9.<\/p>\nDiff\u00e9rences entre un toucher proportionnel et un toucher m\u00e9canique direct<\/strong><\/p>\n![\"Transmission](\"https:\/\/www.orgue-en-france.org\/wp-content\/uploads\/2016\/08\/cucuron-mecanique.jpg\")
Transmission m\u00e9canique
Photo R. Petit<\/figcaption><\/figure>\nM\u00eame si notre perception du monde est constamment globale, deux domaines doivent \u00eatre pourtant clairement s\u00e9par\u00e9s avant de poursuivre.
\nIl est important de distinguer\u00a0:<\/p>\n
\n- la ma\u00eetrise du son : probl\u00e8me d\u2019oreille, d\u2019\u00e9coute, d\u2019entendement auditif ; que veux-je dire\u00a0? qu\u2019entends-je\u00a0aux trois moments d\u00e9cisifs du son, naissance, dur\u00e9e, extinction ?<\/li>\n
- la sensation du toucher, en dehors de tout son : que me pla\u00eerait-il de ressentir avec mes doigts, avant mes oreilles\u00a0? une duret\u00e9 plus ou moins grande \u00e0 l\u2019enfoncement\u00a0? une sensation de flexion de la m\u00e9canique int\u00e9rieure\u00a0? une certaine lourdeur, mise en \u0153uvre de la mati\u00e8re composant les \u00e9l\u00e9ments pourtant invisibles de la m\u00e9canique int\u00e9rieure\u00a0?<\/li>\n<\/ul>\n
C\u2019est au niveau de cette sensation tactile pure, d\u00e9saccoupl\u00e9e de l\u2019\u00e9coute du son, que les deux principes sont diff\u00e9rents.
\nEn aucun cas, une transmission \u00e9lectrique\/proportionnelle ne pourra recr\u00e9er la sensation d\u2019un toucher m\u00e9canique.
\nCette sensation tactile est certes importante mais nous devons reconna\u00eetre qu\u2019elle fait partie de notre bagage culturel actuel. Elle contribue et participe \u00e0 l\u2019appr\u00e9ciation des constructions sonores que l\u2019on met en mouvement.
\nUn grand plenum avec au moins deux claviers accoupl\u00e9s, par exemple, est agr\u00e9able \u00e0 jouer sur un toucher un peu r\u00e9sistant. La masse sonore ainsi mise en \u0153uvre semble \u00eatre en rapport avec l\u2019effort physique demand\u00e9.
\nC\u2019est cependant une impression d\u2019origine purement culturelle qu\u2019il est n\u00e9cessaire de d\u00e9passer pour comprendre, appr\u00e9cier et accueillir la transmission proportionnelle.<\/p>\n
Histoire<\/strong>
\nIl est int\u00e9ressant historiquement d\u2019observer les \u00e9volutions diff\u00e9rentes qu\u2019ont connues la facture d\u2019orgues et celles du piano, essentiellement au cours du 19e<\/sup> si\u00e8cle, si\u00e8cle de l\u2019affirmation du machinisme, de l\u2019av\u00e8nement de l\u2019ing\u00e9nieur.
\nPour l\u2019orgue, la ma\u00eetrise du son par le musicien-organiste s\u2019\u00e9rode au fur et \u00e0 mesure que la transmission m\u00e9canique se complexifie et devient de moins en moins directe. Inversement et corr\u00e9lativement, la sensation tactile s\u2019intensifie, s\u2019alourdit, jusqu\u2019\u00e0 devenir impossible. Plut\u00f4t que de se poser une question musicale, et pr\u00e9f\u00e9rant une r\u00e9solution d\u2019abord technique, l\u2019ing\u00e9nieur du 19e<\/sup> si\u00e8cle inventera la Barker, puis le pneumatique \u00e0 tous crins, puis l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 on\/off<\/em>.<\/p>\n\n- Passage du toucher m\u00e9canique direct au toucher indirect avec machine Barker. Cavaill\u00e9-Coll, vers la fin de la construction de son orgue-laboratoire de Saint-Denis en 1840, n\u2019\u00e9tait-il pas arriv\u00e9 \u00e0 cette complexit\u00e9 maximale en rendant un toucher impossible, claviers accoupl\u00e9s, tellement le trac\u00e9 int\u00e9rieur de sa m\u00e9canique \u00e9tait devenu complexe\u00a0? Le passage de Barker le sauvera de la catastrophe.<\/li>\n
- Passage du toucher avec machine Barker au toucher pneumatique.<\/li>\n
- Passage de ces diff\u00e9rents touchers au toucher \u00e9lectrique on\/off.<\/em><\/li>\n<\/ul>\n
Certes il reste au musicien-organiste, heureusement encore, un champ d\u2019exp\u00e9rience vaste pour son toucher (il peut encore jouer d\u00e9tach\u00e9 ou legato), mais \u00f4 combien \u00e9rod\u00e9 par la disparition de ce monde ancien perdu d\u2019une ma\u00eetrise totale de son toucher. Le renouveau de l\u2019orgue ancien des ann\u00e9es 1960, faussement interpr\u00e9t\u00e9 comme un retour archa\u00efsant et folklorique n\u2019\u00e9tait-il pas au contraire un sursaut salutaire pour retrouver cette fra\u00eecheur de la ma\u00eetrise du son\u00a0?
\nCertes encore, cette d\u00e9pendance de plus en plus grande \u00e0 l\u2019interm\u00e9diaire pneumatique\/\u00e9lectrique aura son effet b\u00e9n\u00e9fique. L\u2019assistance des leviers Barker a permis \u00e0 Cavaill\u00e9-Coll de susciter le d\u00e9veloppement du style symphonique.<\/p>\n
\n- Aujourd\u2019hui le toucher \u00e9lectrique \/ proportionnel.<\/li>\n<\/ul>\n
Dans l\u2019histoire de la facture de piano on note \u00e9galement et exactement les m\u00eames r\u00e9volutions \/ \u00e9volutions, bouillonnements de laboratoires\u00a0: le double \u00e9chappement de S\u00e9bastien \u00c9rard et tous les autres syst\u00e8mes propos\u00e9s, surtout jusqu\u2019en 1850, faisant preuve d\u2019autant d\u2019inventions dont la facture de piano s\u2019est enrichie.
\nMais il s\u2019agissait toujours ici de toucher m\u00e9canique, maintenu le plus direct et le moins lourd possible par ses facteurs.
\nL\u00e0 aussi, le langage musical a peut-\u00eatre \u00e9volu\u00e9 en cons\u00e9quence (songeons \u00e0 la v\u00e9locit\u00e9 fulgurante de Liszt qui s\u2019est certainement d\u00e9velopp\u00e9e gr\u00e2ce au double \u00e9chappement).<\/p>\n
\u00c0 propos du d\u00e9collement<\/strong><\/p>\n![\"Machine](\"https:\/\/www.orgue-en-france.org\/wp-content\/uploads\/2016\/08\/mantes-collegiale-barker.jpg\")
Machine Barker de la coll\u00e9giale de Mantes
Photo R. Petit<\/figcaption><\/figure>\nOn appelle d\u00e9collement le point dur qu\u2019il faut vaincre pour enfoncer compl\u00e8tement la touche du clavier d\u2019un orgue \u00e0 transmission m\u00e9canique pure.
\nCe d\u00e9collement (il s\u2019agit ni plus ni moins du tout premier moment d\u2019ouverture d\u2019une soupape) cro\u00eet avec le nombre de jeux utilis\u00e9s sur la m\u00eame gravure. Comme une sorte de r\u00e9sistance \u00e0 l\u2019appel de l\u2019air qui doit entrer dans la gravure.
\nOn a vu plus haut que cet aspect du toucher de l\u2019orgue est une des composantes de la sensation tactile. Celle-ci int\u00e8gre donc naturellement cette caract\u00e9ristique et cela historiquement depuis toujours.
\nCe probl\u00e8me n\u2019est aujourd’hui pas encore trait\u00e9 par la transmission \u00e9lectrique\/proportionnelle. Il est possible cependant de cr\u00e9er un d\u00e9collement artificiel, en disposant des petits aimants sur les touches qui cr\u00e9eront une r\u00e9sistance presque identique et donneront ainsi l\u2019effet de ce d\u00e9collement.
\nCependant, force est de constater que celui-ci n\u2019a rien \u00e0 voir avec la r\u00e9alit\u00e9 du ph\u00e9nom\u00e8ne rencontr\u00e9 sur le clavier d\u2019un orgue \u00e0 transmission m\u00e9canique, et que ce n\u2019est alors qu\u2019un pis-aller.
\nUne honn\u00eatet\u00e9 intellectuelle nous conduira immanquablement \u00e0 nous demander si cette sensation de d\u00e9collement est absolument n\u00e9cessaire\u00a0? La r\u00e9ponse \u00e0 cette question reste aujourd\u2019hui encore \u00e0 d\u00e9battre. Elle d\u00e9pend vraisemblablement des musiques que l\u2019on joue.
\nL\u2019effet de d\u00e9collement, dans une transmission m\u00e9canique bien faite, varie selon le nombre de jeux ouverts\u00a0: plus il y a de jeux ouverts plus la r\u00e9sistance augmente. Il y a donc un \u00ab\u00a0retour\u00a0\u00bb de l\u2019orgue lui-m\u00eame en fonction de ce que l\u2019on exige de lui, qui modifie l\u2019aspect sensoriel du toucher. Le ph\u00e9nom\u00e8ne s\u2019amplifie naturellement avec les accouplements. Ce \u00ab\u00a0retour\u00a0\u00bb de l\u2019orgue conditionne \u00e9videmment le geste m\u00eame du toucher.
\nLa cons\u00e9quence en est donc musicale et influe directement sur les options d\u2019interpr\u00e9tation de l\u2019\u0153uvre jou\u00e9e.
\nCes particularit\u00e9s du toucher m\u00e9canique concernent essentiellement le r\u00e9pertoire jusqu\u2019\u00e0 la p\u00e9riode dite classique comprise. Ces notions furent ensuite ignor\u00e9es pendant une grande part de la p\u00e9riode romantique et symphonique par le fait des transmissions m\u00e9caniques assist\u00e9es (machine Barker). C\u2019est pendant toute cette p\u00e9riode qu\u2019une grande part du r\u00e9pertoire abondamment pratiqu\u00e9 aujourd\u2019hui a vu le jour (Messiaen, Durufl\u00e9, Dupr\u00e9 etc.) Toutes leurs musiques ont \u00e9t\u00e9 pens\u00e9es pour des instruments \u00e0 transmission \u00e9lectrique on\/off<\/em>. Le niveau de v\u00e9locit\u00e9 requis est parfois tel qu\u2019on pourrait l\u2019assimiler \u00e0 celui n\u00e9cessaire aux pianistes pour aborder le r\u00e9pertoire propre \u00e0 cet instrument\u00a0: le toucher du clavier doit \u00eatre simplement \u00e9gal, souple et pr\u00e9cis.
\nCes notions oubli\u00e9es n’ont refait surface que dans la deuxi\u00e8me moiti\u00e9 du 20e<\/sup> si\u00e8cle, port\u00e9es au d\u00e9but par quelques organistes, pionniers dans ce domaine, qui d\u00e9j\u00e0 se montraient tr\u00e8s critiques sur l\u2019\u00e9volution moderne des transmissions.<\/p>\nLa transmission proportionnelle, bien qu\u2019encore non aboutie aujourd\u2019hui puisqu\u2019elle ne prend pas en compte cet aspect du d\u00e9collement, pourrait pr\u00e9tendre r\u00e9soudre cette probl\u00e9matique du toucher de l\u2019orgue.
\nC\u2019est une r\u00e9elle voie d\u2019avenir \u00e0 condition que l\u2019on d\u00e9veloppe de mani\u00e8re proportionnelle l\u2019effet de ce d\u00e9collement. Il devra \u00e9videmment \u00eatre aussi possible que ce d\u00e9collement soit propos\u00e9 au choix tout comme la fonction proportionnelle de la touche afin de cr\u00e9er les conditions du toucher \u00e9lectrique on\/off<\/em> pour les raisons expliqu\u00e9es plus haut.<\/p>\nConclusion<\/h3>\n
C\u2019est donc indubitablement une solution d\u2019avenir \u00e0 l\u2019\u00e9laboration de laquelle facteurs d\u2019orgues, ing\u00e9nieurs \u00e9lectroniciens et informaticiens doivent s\u2019imposer de travailler ensemble pour l\u2019aboutissement de ce concept.<\/p>\n
Ce sont, \u00e0 mon avis, des perspectives d\u2019avenir enthousiasmantes qui vont certainement donner \u00e0 l\u2019orgue un nouveau souffle, une nouvelle vie. L\u2019orgue n\u2019a-t-il pas toujours \u00e9t\u00e9 un probl\u00e8me musical et non technique \u00e0 r\u00e9soudre\u00a0?<\/p>\n
<\/p>\n
![\"L'orgue](\"https:\/\/www.orgue-en-france.org\/wp-content\/uploads\/2016\/08\/Grimaud1.jpg\")
<\/a><\/h3>\n
Jusqu\u2019\u00e0 aujourd\u2019hui, la f\u00e9e \u00e9lectricit\u00e9 appliqu\u00e9e \u00e0 la transmission des notes ne permettait qu\u2019une ouverture non graduelle de la soupape par l\u2019\u00e9lectro-aimant. La vitesse d\u2019ouverture de ce dernier \u00e9tait fix\u00e9e d\u00e9finitivement par le constructeur de cet \u00e9lectro-aimant, r\u00e9guli\u00e8re, constante, non modulable. En d\u2019autres termes, on\/off<\/em>.<\/p>\n Mais le d\u00e9sir demeure constant chez la plupart des musiciens-organistes, la nostalgie irrempla\u00e7able et l\u00e9gitime d\u2019une ouverture de la soupape ma\u00eetris\u00e9e par son propre toucher.<\/p>\n Pourquoi\u00a0?<\/p>\n Parce que de tout temps une soupape ouverte lentement ou vitement, mollement ou s\u00e8chement, ne donne pas le m\u00eame son, le m\u00eame m\u00e9lange entre la fondamentale et les harmoniques d\u2019un tuyau-son, les m\u00eames transitoires d\u2019attaque ou d\u2019extinction. Ces multiples grains de beaut\u00e9 invisibles qui participent globalement au charme de tout \u00eatre vivant.<\/p>\n L\u2019informatique moderne s\u2019est pench\u00e9e sur ce probl\u00e8me et a invent\u00e9 la transmission proportionnelle. Gr\u00e2ce \u00e0 laquelle les deux mouvements, celui de la touche du clavier et celui de la soupape tir\u00e9e par un \u00e9lectro-aimant peuvent \u00eatre d\u00e9sormais rigoureusement identiques.<\/p>\n Un syst\u00e8me, sous la forme d\u2019un bo\u00eetier primaire, situ\u00e9 dans la console, analyse finement la position des touches des claviers enfonc\u00e9es et transmet les donn\u00e9es \u00e0 un autre syst\u00e8me, bo\u00eetier secondaire situ\u00e9 dans l\u2019orgue. Ce dernier traite les donn\u00e9es re\u00e7ues et transmet \u00e0 chaque \u00e9lectro-aimant, par le biais d\u2019une carte de contr\u00f4le, la position exacte et unique o\u00f9 il doit se positionner. La qualit\u00e9 du toucher retrouv\u00e9e<\/strong> Plusieurs configurations du toucher possibles<\/strong> Affranchissement de contraintes dans la cr\u00e9ation de buffets<\/strong> Argument \u00e9conomique<\/strong> Diff\u00e9rences entre un toucher proportionnel et un toucher m\u00e9canique direct<\/strong><\/p>\n M\u00eame si notre perception du monde est constamment globale, deux domaines doivent \u00eatre pourtant clairement s\u00e9par\u00e9s avant de poursuivre. C\u2019est au niveau de cette sensation tactile pure, d\u00e9saccoupl\u00e9e de l\u2019\u00e9coute du son, que les deux principes sont diff\u00e9rents. Histoire<\/strong> Certes il reste au musicien-organiste, heureusement encore, un champ d\u2019exp\u00e9rience vaste pour son toucher (il peut encore jouer d\u00e9tach\u00e9 ou legato), mais \u00f4 combien \u00e9rod\u00e9 par la disparition de ce monde ancien perdu d\u2019une ma\u00eetrise totale de son toucher. Le renouveau de l\u2019orgue ancien des ann\u00e9es 1960, faussement interpr\u00e9t\u00e9 comme un retour archa\u00efsant et folklorique n\u2019\u00e9tait-il pas au contraire un sursaut salutaire pour retrouver cette fra\u00eecheur de la ma\u00eetrise du son\u00a0? Dans l\u2019histoire de la facture de piano on note \u00e9galement et exactement les m\u00eames r\u00e9volutions \/ \u00e9volutions, bouillonnements de laboratoires\u00a0: le double \u00e9chappement de S\u00e9bastien \u00c9rard et tous les autres syst\u00e8mes propos\u00e9s, surtout jusqu\u2019en 1850, faisant preuve d\u2019autant d\u2019inventions dont la facture de piano s\u2019est enrichie. \u00c0 propos du d\u00e9collement<\/strong><\/p>\n On appelle d\u00e9collement le point dur qu\u2019il faut vaincre pour enfoncer compl\u00e8tement la touche du clavier d\u2019un orgue \u00e0 transmission m\u00e9canique pure. La transmission proportionnelle, bien qu\u2019encore non aboutie aujourd\u2019hui puisqu\u2019elle ne prend pas en compte cet aspect du d\u00e9collement, pourrait pr\u00e9tendre r\u00e9soudre cette probl\u00e9matique du toucher de l\u2019orgue. C\u2019est donc indubitablement une solution d\u2019avenir \u00e0 l\u2019\u00e9laboration de laquelle facteurs d\u2019orgues, ing\u00e9nieurs \u00e9lectroniciens et informaticiens doivent s\u2019imposer de travailler ensemble pour l\u2019aboutissement de ce concept.<\/p>\n Ce sont, \u00e0 mon avis, des perspectives d\u2019avenir enthousiasmantes qui vont certainement donner \u00e0 l\u2019orgue un nouveau souffle, une nouvelle vie. L\u2019orgue n\u2019a-t-il pas toujours \u00e9t\u00e9 un probl\u00e8me musical et non technique \u00e0 r\u00e9soudre\u00a0?<\/p>\n <\/p>\nFonctionnement<\/h3>\n
\nLe micro-processeur de la carte de contr\u00f4le de l\u2019\u00e9lectro-aimant lit un millier de fois par seconde la position aussi bien que la course de l\u2019\u00e9l\u00e9ment mobile de l\u2019\u00e9lectro-aimant reli\u00e9 \u00e0 la soupape, corrigeant en fonction la valeur du courant \u00e9lectrique l\u2019alimentant.<\/p>\nQualit\u00e9s et avantages du syst\u00e8me proportionnel<\/h3>\n
\nLa finalit\u00e9 du syst\u00e8me de transmission proportionnelle est identique \u00e0 celle de la transmission m\u00e9canique directe\u00a0: ma\u00eetriser l\u2019attaque et le l\u00e2cher.
\nLe mouvement de la soupape redevient effectivement directement proportionnel \u00e0 celui de la touche. Le geste de l\u2019organiste est donc fid\u00e8lement \u00e0 nouveau retransmis. Le geste du l\u00e2cher (aussi important que le geste d\u2019attaque) est compl\u00e8tement ma\u00eetrisable.
\nIl y a une r\u00e9elle sensation du contact direct avec le son.<\/p>\n
\nAu plan musical, ce nouveau principe de traction se pr\u00eate bien \u00e0 diff\u00e9rentes mani\u00e8res de toucher le clavier.
\nUn programme int\u00e9gr\u00e9 au syst\u00e8me permet de varier le param\u00e9trage \u00e0 volont\u00e9, selon le choix de l\u2019organiste, afin de fixer le niveau de d\u00e9clenchement (attaque) et de rupture (extinction, l\u00e2ch\u00e9) \u00e0 sa convenance. Sa pr\u00e9cision permet tr\u00e8s facilement une articulation rigoureuse, un d\u00e9tach\u00e9 ou un jeu legato des plus stricts.
\nDe la m\u00eame fa\u00e7on que dans l\u2019habituelle transmission \u00e9lectrique on\/off<\/em>, la duret\u00e9 cumul\u00e9e des accouplements est inexistante. Ceux-ci peuvent \u00eatre effectu\u00e9s, si on le souhaite, soit \u00e0 l\u2019unisson, soit \u00e0 l\u2019octave grave ou aigu\u00eb, mais aussi \u00e0 tous les intervalles possibles.<\/p>\n
\nAujourd\u2019hui, le syst\u00e8me proportionnel, tout en garantissant une ma\u00eetrise du toucher, lib\u00e8re l\u2019architecture traditionnelle de l\u2019orgue dont la forme g\u00e9n\u00e9rale des buffets reste (\u00e0 quelques exceptions pr\u00e8s \u2014 on pense notamment \u00e0 Weingarten) tr\u00e8s conditionn\u00e9e par les limites structurelles des tractions m\u00e9caniques.
\nAvec ce nouveau syst\u00e8me proportionnel, les parties instrumentales de l\u2019orgue se trouvent donc ainsi d\u00e9livr\u00e9es de toutes les anciennes contraintes n\u00e9cessairement induites par la transmission m\u00e9canique.
\nDe nouvelles dispositions instrumentales et une nouvelle architecture, lib\u00e9r\u00e9e de ces astreintes, sont aujourd\u2019hui envisageables dans de meilleures conditions.<\/p>\n
\nL\u2019autre avantage de la transmission proportionnelle est d\u2019ordre \u00e9conomique. Au-del\u00e0 d\u2019un certain nombre de jeux, le co\u00fbt est inversement proportionnel \u00e0 celui d\u2019une solution enti\u00e8rement m\u00e9canique. Plus l\u2019orgue est important, plus le co\u00fbt de la transmission des notes diminuera en comparaison avec celui de la solution enti\u00e8rement m\u00e9canique qu\u2019il serait alors n\u00e9cessaire d\u2019utiliser pour l\u2019\u00e9quiper avec un syst\u00e8me d\u2019assistance type levier Barker, moteurs pneumatiques ou tout autre syst\u00e8me assimil\u00e9.<\/p>\n
Photo R. Petit<\/figcaption><\/figure>\n
\nIl est important de distinguer\u00a0:<\/p>\n\n
\nEn aucun cas, une transmission \u00e9lectrique\/proportionnelle ne pourra recr\u00e9er la sensation d\u2019un toucher m\u00e9canique.
\nCette sensation tactile est certes importante mais nous devons reconna\u00eetre qu\u2019elle fait partie de notre bagage culturel actuel. Elle contribue et participe \u00e0 l\u2019appr\u00e9ciation des constructions sonores que l\u2019on met en mouvement.
\nUn grand plenum avec au moins deux claviers accoupl\u00e9s, par exemple, est agr\u00e9able \u00e0 jouer sur un toucher un peu r\u00e9sistant. La masse sonore ainsi mise en \u0153uvre semble \u00eatre en rapport avec l\u2019effort physique demand\u00e9.
\nC\u2019est cependant une impression d\u2019origine purement culturelle qu\u2019il est n\u00e9cessaire de d\u00e9passer pour comprendre, appr\u00e9cier et accueillir la transmission proportionnelle.<\/p>\n
\nIl est int\u00e9ressant historiquement d\u2019observer les \u00e9volutions diff\u00e9rentes qu\u2019ont connues la facture d\u2019orgues et celles du piano, essentiellement au cours du 19e<\/sup> si\u00e8cle, si\u00e8cle de l\u2019affirmation du machinisme, de l\u2019av\u00e8nement de l\u2019ing\u00e9nieur.
\nPour l\u2019orgue, la ma\u00eetrise du son par le musicien-organiste s\u2019\u00e9rode au fur et \u00e0 mesure que la transmission m\u00e9canique se complexifie et devient de moins en moins directe. Inversement et corr\u00e9lativement, la sensation tactile s\u2019intensifie, s\u2019alourdit, jusqu\u2019\u00e0 devenir impossible. Plut\u00f4t que de se poser une question musicale, et pr\u00e9f\u00e9rant une r\u00e9solution d\u2019abord technique, l\u2019ing\u00e9nieur du 19e<\/sup> si\u00e8cle inventera la Barker, puis le pneumatique \u00e0 tous crins, puis l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 on\/off<\/em>.<\/p>\n\n
\nCertes encore, cette d\u00e9pendance de plus en plus grande \u00e0 l\u2019interm\u00e9diaire pneumatique\/\u00e9lectrique aura son effet b\u00e9n\u00e9fique. L\u2019assistance des leviers Barker a permis \u00e0 Cavaill\u00e9-Coll de susciter le d\u00e9veloppement du style symphonique.<\/p>\n\n
\nMais il s\u2019agissait toujours ici de toucher m\u00e9canique, maintenu le plus direct et le moins lourd possible par ses facteurs.
\nL\u00e0 aussi, le langage musical a peut-\u00eatre \u00e9volu\u00e9 en cons\u00e9quence (songeons \u00e0 la v\u00e9locit\u00e9 fulgurante de Liszt qui s\u2019est certainement d\u00e9velopp\u00e9e gr\u00e2ce au double \u00e9chappement).<\/p>\n
Photo R. Petit<\/figcaption><\/figure>\n
\nCe d\u00e9collement (il s\u2019agit ni plus ni moins du tout premier moment d\u2019ouverture d\u2019une soupape) cro\u00eet avec le nombre de jeux utilis\u00e9s sur la m\u00eame gravure. Comme une sorte de r\u00e9sistance \u00e0 l\u2019appel de l\u2019air qui doit entrer dans la gravure.
\nOn a vu plus haut que cet aspect du toucher de l\u2019orgue est une des composantes de la sensation tactile. Celle-ci int\u00e8gre donc naturellement cette caract\u00e9ristique et cela historiquement depuis toujours.
\nCe probl\u00e8me n\u2019est aujourd’hui pas encore trait\u00e9 par la transmission \u00e9lectrique\/proportionnelle. Il est possible cependant de cr\u00e9er un d\u00e9collement artificiel, en disposant des petits aimants sur les touches qui cr\u00e9eront une r\u00e9sistance presque identique et donneront ainsi l\u2019effet de ce d\u00e9collement.
\nCependant, force est de constater que celui-ci n\u2019a rien \u00e0 voir avec la r\u00e9alit\u00e9 du ph\u00e9nom\u00e8ne rencontr\u00e9 sur le clavier d\u2019un orgue \u00e0 transmission m\u00e9canique, et que ce n\u2019est alors qu\u2019un pis-aller.
\nUne honn\u00eatet\u00e9 intellectuelle nous conduira immanquablement \u00e0 nous demander si cette sensation de d\u00e9collement est absolument n\u00e9cessaire\u00a0? La r\u00e9ponse \u00e0 cette question reste aujourd\u2019hui encore \u00e0 d\u00e9battre. Elle d\u00e9pend vraisemblablement des musiques que l\u2019on joue.
\nL\u2019effet de d\u00e9collement, dans une transmission m\u00e9canique bien faite, varie selon le nombre de jeux ouverts\u00a0: plus il y a de jeux ouverts plus la r\u00e9sistance augmente. Il y a donc un \u00ab\u00a0retour\u00a0\u00bb de l\u2019orgue lui-m\u00eame en fonction de ce que l\u2019on exige de lui, qui modifie l\u2019aspect sensoriel du toucher. Le ph\u00e9nom\u00e8ne s\u2019amplifie naturellement avec les accouplements. Ce \u00ab\u00a0retour\u00a0\u00bb de l\u2019orgue conditionne \u00e9videmment le geste m\u00eame du toucher.
\nLa cons\u00e9quence en est donc musicale et influe directement sur les options d\u2019interpr\u00e9tation de l\u2019\u0153uvre jou\u00e9e.
\nCes particularit\u00e9s du toucher m\u00e9canique concernent essentiellement le r\u00e9pertoire jusqu\u2019\u00e0 la p\u00e9riode dite classique comprise. Ces notions furent ensuite ignor\u00e9es pendant une grande part de la p\u00e9riode romantique et symphonique par le fait des transmissions m\u00e9caniques assist\u00e9es (machine Barker). C\u2019est pendant toute cette p\u00e9riode qu\u2019une grande part du r\u00e9pertoire abondamment pratiqu\u00e9 aujourd\u2019hui a vu le jour (Messiaen, Durufl\u00e9, Dupr\u00e9 etc.) Toutes leurs musiques ont \u00e9t\u00e9 pens\u00e9es pour des instruments \u00e0 transmission \u00e9lectrique on\/off<\/em>. Le niveau de v\u00e9locit\u00e9 requis est parfois tel qu\u2019on pourrait l\u2019assimiler \u00e0 celui n\u00e9cessaire aux pianistes pour aborder le r\u00e9pertoire propre \u00e0 cet instrument\u00a0: le toucher du clavier doit \u00eatre simplement \u00e9gal, souple et pr\u00e9cis.
\nCes notions oubli\u00e9es n’ont refait surface que dans la deuxi\u00e8me moiti\u00e9 du 20e<\/sup> si\u00e8cle, port\u00e9es au d\u00e9but par quelques organistes, pionniers dans ce domaine, qui d\u00e9j\u00e0 se montraient tr\u00e8s critiques sur l\u2019\u00e9volution moderne des transmissions.<\/p>\n
\nC\u2019est une r\u00e9elle voie d\u2019avenir \u00e0 condition que l\u2019on d\u00e9veloppe de mani\u00e8re proportionnelle l\u2019effet de ce d\u00e9collement. Il devra \u00e9videmment \u00eatre aussi possible que ce d\u00e9collement soit propos\u00e9 au choix tout comme la fonction proportionnelle de la touche afin de cr\u00e9er les conditions du toucher \u00e9lectrique on\/off<\/em> pour les raisons expliqu\u00e9es plus haut.<\/p>\nConclusion<\/h3>\n