Orgue Dom-Bedos Sainte Croix – Bordeaux Cliquer pour agrandir<\/figcaption><\/figure>\nL\u2019objectif que je me suis donn\u00e9 pour cette conf\u00e9rence est de vous inciter \u00e0 d\u00e9velopper des r\u00e9flexes simples qui vous permettront d\u2019exploiter de la mani\u00e8re la plus appropri\u00e9e toute la palette sonore d\u2019un orgue, et plus pr\u00e9cis\u00e9ment, celle d\u2019un Grand-Orgue tel que celui de l\u2019\u00e9glise Sainte Croix, instrument construit par Dom-Bedos de Celles en 1748. \nPour cela, je ferai r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 l\u2019ouvrage m\u00eame de DOM-BEDOS, et pr\u00e9cis\u00e9ment au chapitre concernant les registrations.<\/p>\n
Registrer est chose difficile si l\u2019on n\u2019a pas conscience de la mani\u00e8re dont s\u2019organisent les sons de l\u2019orgue, comment sont constitu\u00e9es les familles de jeux, et de quoi sont compos\u00e9s les grands ensembles qui les rassemblent. Le questionnement touche \u00e9galement les r\u00e9actions des tuyaux entre eux, la qualit\u00e9 et la capacit\u00e9 de vent dont on dispose, et \u00e9galement la mani\u00e8re de parler de telle ou telle sorte de tuyaux.<\/p>\n
Pour commencer, il nous faut remonter un peu dans l\u2019histoire de l\u2019orgue pour mettre en \u00e9vidence les points forts qui serviront \u00e0 construire mon propos.<\/p>\n
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Le Blockwerk<\/strong><\/p>\nTr\u00e8s vite, les premi\u00e8res grandes orgues se d\u00e9veloppent et prennent de grandes proportions. Ces proportions s\u2019adaptent naturellement aux dimensions de l\u2019\u00e9difice, dans le souci \u00e9vident d\u2019activer l\u2019acoustique des vastes nefs, de remplir la nef par du son. \nLe rapport du son de l\u2019orgue et de l\u2019architecture deviendra d\u2019ailleurs par la suite, un des aspects importants dans l\u2019art de construire les orgues. \nOn se souvient en effet qu\u2019un son, dans la nature, est form\u00e9 d\u2019une fondamentale et d\u2019harmoniques, ordonnanc\u00e9s dans un ordre immuable mis en valeur en particulier par Pythagore : l\u2019octave, la quinte de cette octave, la superoctave, la tierce de cette superoctave, etc\u2026 \nDe tous les instruments de musique, le tuyau d\u2019orgue est celui qui est le plus pauvre en harmoniques. Les facteurs d\u2019orgues vont contourner habilement ce d\u00e9faut. Tr\u00e8s t\u00f4t, le principe de l\u2019architecture sonore qu\u2019ils \u00e9laborent consiste \u00e0 ajouter artificiellement ces harmoniques sur un son fondamental, utilisant principalement quintes, octaves, tierces. \nDans le grave du clavier, on enrichit le son fondamental d\u2019une certaine quantit\u00e9 d\u2019harmoniques. \nEn revanche, plus l\u2019on progressera vers l\u2019aigu du clavier, plus on compl\u00e9tera cette quantit\u00e9 initiale. On remarque bien aussi le souci de cr\u00e9er une entit\u00e9 sonore tr\u00e8s ascendante. Les tuyaux, en progressant du grave vers l\u2019aigu, la place disponible sur le sommier est \u00e9videmment de plus en plus lib\u00e9r\u00e9e. \nEt ainsi, naturellement, l\u2019\u00e9chelle harmonique est compl\u00e9t\u00e9e jusqu\u2019\u00e0 la derni\u00e8re note du clavier par autant de tuyaux que le sommier et le buffet peuvent en contenir. On conna\u00eet (seulement d\u2019apr\u00e8s de rares documents) des orgues dont la progression \u00e9tait environ de 6 \u00e0 8 rangs de tuyaux dans le grave et une quarantaine, voire plus, dans l\u2019aigu. \nOn appelle aujourd\u2019hui ces orgues, qui ont tous disparus, des Blockwerk<\/em>, du mot allemand werk<\/em> qui signifie ouvrage, construction. \nPour chaque note jou\u00e9e, tous les rangs de tuyaux parlaient ensemble, il n\u2019y avait pas de registre. La partition en registres s\u00e9par\u00e9s ne viendra que plus tard.<\/p>\nJ\u2019ai fait ce d\u00e9tour, volontairement simplifi\u00e9, sur l\u2019orgue de l\u2019Antiquit\u00e9 et celui du Moye- Age pour que vous n\u2019oubliiez jamais ces aspects fondamentaux. Ces notions doivent \u00eatre pr\u00e9sentes \u00e0 votre esprit en permanence.<\/p>\n
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Les premi\u00e8res divisions en registres<\/strong><\/p>\nD\u00e8s le d\u00e9but du 15\u00e8me si\u00e8cle, le \u00ab Blockwerk \u00bb se divise en registres. A l\u2019imitation des premi\u00e8res formations instrumentales, mais surtout pour d\u00e9velopper les capacit\u00e9s expressives et polyphoniques de l\u2019instrument. Avec les nombreux tuyaux du Blockwerk, on compose des s\u00e9ries autonomes dispos\u00e9es en registres. Apr\u00e8s avoir organis\u00e9 et isol\u00e9 des rangs s\u00e9par\u00e9s comme le 8 pieds, le 4 pieds, le 2 2\/3 pieds, le 2 pieds etc., il restera encore un grand nombre de petits tuyaux avec lesquels il sera de plus en plus difficile d\u2019\u00e9tablir des progressions homog\u00e8nes. On les regroupera alors, de mani\u00e8re tout \u00e0 fait ing\u00e9nieuse, en un registre sp\u00e9cial que l\u2019on appellera \u00ab Fourniture \u00bb et les plus petits encore, en un autre registre que l\u2019on appellera \u00ab Cymbale \u00bb. \nL\u2019ensemble des registres compos\u00e9s avec l\u2019ancienne tuyauterie du \u00ab Blockwerk \u00bb forme une premi\u00e8re famille, une premi\u00e8re registration, que l\u2019on appellera \u00ab Grand-Plein-Jeu \u00bb.<\/p>\n
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Le 18 i\u00e8me si\u00e8cle, apog\u00e9e des registrations<\/strong><\/p>\nAu 18\u00e8me si\u00e8cle, \u00e0 l\u2019\u00e9poque de DOM-BEDOS, le concept originel de l\u2019orgue demeure inchang\u00e9, la notion du \u00ab tout \u00bb (les ensembles issus du Blockwerk comme le \u00ab Plenum \u00bb) pr\u00e9domine. Les registres en revanche se sont multipli\u00e9s, de nouvelles formes de tuyaux sont apparues cr\u00e9ant ainsi de nouvelles sonorit\u00e9s donc de nouveaux registres. Des familles de sonorit\u00e9s se sont form\u00e9es et une ordonnance presque ritualis\u00e9e se constituera de mani\u00e8re immuable jusqu\u2019au 19\u00e8me si\u00e8cle. Ces familles de sonorit\u00e9 trouveront leurs \u00e9quivalences dans tous les pays et dans tous les styles d\u2019orgues.<\/p>\n
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Le temp\u00e9rament<\/strong><\/p>\nDans l\u2019art de registrer vous devrez absolument tenir compte du temp\u00e9rament<\/em> de l\u2019orgue. \nPour bien comprendre ce mot il faut partir de la n\u00e9cessit\u00e9 physique naturelle de r\u00e9duire la puret\u00e9 d\u2019un ou de plusieurs intervalles lorsque l\u2019on r\u00e9partit les 12 demi-tons d\u2019une octave, puisque la puret\u00e9 incontournable de cette octave est incompatible avec la puret\u00e9 de tous les intervalles qui servent \u00e0 l\u2019\u00e9tablir, qu\u2019il s\u2019agisse d\u2019intervalles de quinte (pythagoricien) ou de tierce (m\u00e9sotonique). \nCette r\u00e9duction n\u00e9cessaire, li\u00e9e aux lois physiques naturelles, est appel\u00e9e temp\u00e9rament en musique. \nTemp\u00e9rer est donc une n\u00e9cessit\u00e9 naturelle. \nL\u2019Histoire intervient dans la fa\u00e7on dont on a r\u00e9parti \u00e0 travers le temps ces r\u00e9ductions entre les 12 intervalles. \nElle l\u2019a fait in\u00e9galement jusque vers 1850, date \u00e0 partir de laquelle elle r\u00e9partit \u00e9galement ces r\u00e9ductions. \nOn parlera alors de temp\u00e9raments in\u00e9gaux et d\u2019un seul temp\u00e9rament \u00e9gal. \nLe temp\u00e9rament choisi rendra certains m\u00e9langes agr\u00e9ables \u00e0 votre oreille et d\u2019autres moins ou beaucoup moins encore.<\/p>\n\n\nLe (temp\u00e9rament) pythagoricien<\/strong><\/li>\n<\/ul>\n<\/ul>\nLe \u00ab Tout \u00bb \u00e9tait vraisemblablement accord\u00e9 selon le syst\u00e8me pythagoricien, en intervalles de quintes pures. Cette succession de quintes pures conduit \u00e0 une octave outrepass\u00e9e. Afin de garder \u00e0 cette octave sa puret\u00e9, incompatible avec un cycle de 12 quintes successives pures, une de ces douze quintes est fortement diminu\u00e9e et sonne alors \u00e9trangement fausse. On l\u2019appelle pour cette raison, la \u00ab quinte du loup \u00bb, son audition, ou l\u2019effroi ou sinon l\u2019\u00e9moi qu\u2019elle provoque, \u00e9tant assimil\u00e9 \u00e0 un v\u00e9ritable hurlement d\u2019animal sauvage. \nCe syst\u00e8me d\u2019accord par quintes pures g\u00e9n\u00e9rait ainsi plus de force, d\u2019intensit\u00e9. Il demeure encore dans notre culture contemporaine occidentale dans la r\u00e9miniscence m\u00e9di\u00e9vale que produit en nous l\u2019audition de longues quintes chant\u00e9es ou jou\u00e9es.<\/p>\n
\n\nL\u2019apparition du m\u00e9sotonique<\/strong><\/li>\n<\/ul>\n<\/ul>\nA la Renaissance, appara\u00eet le temp\u00e9rament \u00ab M\u00e9sotonique \u00bb, syst\u00e8me d\u2019accord qui privil\u00e9gie l\u2019intervalle de tierce au d\u00e9triment de celui de quinte. On cr\u00e9e ainsi d\u2019autres consonances naturelles, pures elles aussi, qui vont g\u00e9n\u00e9rer d\u2019autres intenses couleurs sonores dont l\u2019effet va r\u00e9jouir l\u2019oreille d\u2019une autre fa\u00e7on. C\u2019est le d\u00e9but de l\u2019histoire des tonalit\u00e9s, avec leurs caract\u00e8res propres, celles possibles et celles impossibles\u2026 \nLorsque le temp\u00e9rament m\u00e9sotonique appara\u00eet, les facteurs d\u2019orgues ne se contenteront pas seulement de l\u2019appliquer syst\u00e9matiquement, ils en inventeront des d\u00e9riv\u00e9s, ce qui, comme dit DOM-BEDOS, \u00ab n\u2019est pas toujours pour mieux faire <\/em>\u00bb. Les organistes et les th\u00e9oriciens vont s\u2019en m\u00ealer. Chacun trouvera une r\u00e9partition (un temp\u00e9rament) qu\u2019il pr\u00e9tendra meilleur \u00e0 entendre que les autres. Ils iront m\u00eame jusqu\u2019\u00e0 se disputer abondamment. Aujourd\u2019hui encore cette recherche continue, et c\u2019est l\u00e0 vraisemblablement une histoire sans fin.<\/p>\n <\/p>\n
Savoir \u00e9couter chaque orgue<\/strong><\/p>\nLa particularit\u00e9 de l\u2019orgue est due en grande partie au fait qu\u2019il n\u2019existe pas 2 instruments semblables. Il faut donc apprendre \u00e0 \u00e9couter chaque instrument. On aura en effet bien du mal \u00e0 faire dire convenablement \u00e0 un orgue ce pourquoi il n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 con\u00e7u. Par contre, on peut lui faire dire beaucoup si on sait l\u2019\u00e9couter et aller \u00e0 sa rencontre.<\/p>\n
Quelle est donc cette mani\u00e8re de bien \u00e9couter un orgue ?<\/em><\/p>\nJe dois tout d\u2019abord vous donner quelques indications techniques qui vous aideront \u00e0 mieux comprendre le myst\u00e8re de l\u2019invisible cach\u00e9 derri\u00e8re les claviers que vous jouez.<\/p>\n
\nLe vent, le souffle<\/strong><\/em><\/li>\n<\/ul>\nIci, nous rejoignons l\u2019un des aspects fondamentaux qui fondent cet instrument : la qualit\u00e9 du \u00ab Souffle \u00bb.<\/p>\n
Les orgues portatifs du 15\u00e8me si\u00e8cle avec lesquelles il est possible de produire toute une gamme d\u2019effets expressifs en agissant avec la main libre sur le soufflet situ\u00e9 \u00e0 l\u2019arri\u00e8re de l\u2019instrument, me conduisent naturellement \u00e0 assimiler ce type de soufflerie au fonctionnement de notre propre poumon humain. \nLa pression et la vitesse du souffle sont la cons\u00e9quence d\u2019un mouvement, tout comme les muscles de notre cage thoracique compressent et d\u00e9compressent l\u2019air de nos poumons pour faire vibrer nos cordes vocales. \nLa qualit\u00e9 de ce souffle ainsi produit permet au chanteur, par une juste quantit\u00e9 d\u2019air compress\u00e9, de r\u00e9agir facilement aux besoins de l\u2019expression du langage et du chant. \nOn comprend bien d\u00e9j\u00e0 que la quantit\u00e9 n\u2019est pas prioritaire. Tous les professeurs de chant vous le diront : trop respirer, trop emmagasiner de l\u2019air, \u00e9touffe le chanteur.<\/p>\n
Cette particularit\u00e9 du souffle de l\u2019orgue portatif va se transposer dans les orgues plus importants construites d\u00e8s le 14\u00e8me si\u00e8cle. Transposition naturelle puisque ces grands instruments seront construits avec le m\u00eame type de soufflets cun\u00e9iformes que celui de l\u2019orgue portatif, et cela, dans toute l\u2019Europe. \nCeci s\u2019imposera jusqu\u2019au milieu du 19\u00e8me si\u00e8cle, \u00e9poque ou l\u2019on inventera alors les grands r\u00e9servoirs d\u2019air dans lesquels on puisera sans fin et sans compter, de l\u2019air inerte, flasque et sans vie. \nCavaill\u00e9-Coll semble cependant bien avoir eu conscience des qualit\u00e9s originelles de ce \u00ab souffle d\u2019orgue \u00bb et il saura habilement les maintenir, par ses propres syst\u00e8mes de soufflerie, dont les importantes r\u00e9serves d\u2019air ne sont en g\u00e9n\u00e9ral jamais celles qui sont prioritairement sollicit\u00e9es.<\/p>\n
Le vent produit par les souffleries cun\u00e9iformes employ\u00e9es pour la construction de toutes les orgues avant le 19\u00e8me si\u00e8cle produit donc un souffle dynamique, sensible, quel que soit la dimension de l\u2019instrument. \nLe soufflet est lui m\u00eame son propre moteur (la table sup\u00e9rieure en constant mouvement de brassage du vent). Il est par essence actif. \nLe r\u00e9servoir lui, n\u2019est que passif. Il emmagasine une quantit\u00e9, telle une banque, et la tient disponible pour toute demande. \nLe syst\u00e8me de soufflerie, dynamique et non statique, qui a r\u00e9gn\u00e9 pendant presque 2000 ans demeure le plus appropri\u00e9 \u00e0 l\u2019expression musicale dans beaucoup de styles de musique. \nOn entend m\u00eame aujourd\u2019hui, des organistes et parfois des facteurs d\u2019orgues, parler \u00e0 ce propos de \u00ab vent vivant \u00bb. Cette expression a certes \u00e9t\u00e9 quelquefois galvaud\u00e9e, bien commode qu\u2019elle \u00e9tait pour excuser de graves d\u00e9fauts de fonctionnement et de r\u00e9partition du vent dans les orgues. Il faut bien reconna\u00eetre \u00e0 l\u2019inverse qu\u2019un vent statique, imperturbable, sans aucuns \u00e9v\u00e9nements, g\u00e9n\u00e8re assez vite un sentiment d\u2019ennui. C\u2019est ce c\u00f4t\u00e9 rigide de l\u2019orgue, difficilement supportable qui \u00e9loigne de lui bon nombre de musiciens. Cet aspect inexpressif le rend parfois glacial et incapable de r\u00e9v\u00e9ler le moindre sentiment. J\u2019ai entendu un jour l\u2019un de mes apprentis facteur d\u2019orgues dire de fa\u00e7on \u00e9tonnante mais lucide : \u00ab l\u2019orgue, \u00e7a plombe ! \u00bb\u2026 \nDans l\u2019orgue fran\u00e7ais tel que le d\u00e9crit Dom Bedos, la r\u00e9ponse du soufflet cun\u00e9iforme aux sollicitations de l\u2019organiste est imm\u00e9diate. Ce syst\u00e8me de soufflet qui donne un vent \u00e0 pression variable suivant la position d\u2019ouverture de sa table sup\u00e9rieure, s\u2019adapte naturellement au d\u00e9roulement musical, comme les muscles du thorax qui compriment activement les poumons du chanteur. Vous seriez subjugu\u00e9s de voir l\u2019activit\u00e9 musculaire de tout l\u2019ensemble des muscles qui contribuent \u00e0 cr\u00e9er ce \u00ab Souffle \u00bb du chanteur, et tout cela avec un minimum d\u2019air. \nLe ph\u00e9nom\u00e8ne est simple \u00e0 comprendre : plus la r\u00e9serve d\u2019air est importante, plus la r\u00e9action est lente et att\u00e9nu\u00e9e. \nEn facture d\u2019orgues, nous appelons ces exc\u00e8s de r\u00e9serves inutiles, qui se cr\u00e9ent par exemple dans des porte-vents surdimensionn\u00e9s, des layes trop vastes, des soufflets trop grands : le vent mort. \nLorsque vous \u00eates aux claviers d\u2019un orgue, gardez toujours en m\u00e9moire que l\u2019instrument que vous jouez, respire et a la capacit\u00e9 de respirer avec vous. \nEn grec le souffle, l\u2019esprit se traduit par le mot Pneuma. Je vous laisse m\u00e9diter sur cette \u00e9tymologie.<\/p>\n
\n\nLe bon choix des registrations<\/strong><\/em><\/p>\n<\/li>\n<\/ul>\nCe comportement du vent avec le type de soufflerie, comme celle que vous pourrez voir \u00e0 l\u2019orgue de St Croix, nous impose d\u2019agir judicieusement pour construire des registrations bien adapt\u00e9es. Un bon \u00e9quilibre est \u00e0 trouver en rapport avec la capacit\u00e9 des soufflets. \nEn effet, cette qualit\u00e9 premi\u00e8re que je viens de d\u00e9crire (le souffle), pourrait vite, si l\u2019on ne tient pas compte de cet aspect, se transformer en un d\u00e9faut majeur. L\u2019agr\u00e9able effet de respiration recherch\u00e9e se substituerait alors en un d\u00e9ficit de vent aux r\u00e9actions difficilement contr\u00f4lables. \nLa mani\u00e8re de toucher le clavier \u00e9videmment, influe aussi fortement sur cette respiration. \nJ\u2019ai souvent remarqu\u00e9 que les bonnes articulations sollicitent favorablement la r\u00e9action du vent. \nLes registrations compos\u00e9es du juste nombre de jeux sont bien souvent plus efficaces. On remarque dans celles de DOM-BEDOS un souci d\u2019\u00e9conomie du vent qui ressemble \u00e0 une vraie chasse au gaspillage. \nC\u2019est toute une attitude particuli\u00e8re que vous devez adopter lorsque vous abordez un tel instrument. Vous ne pourrez rien obtenir de r\u00e9ellement satisfaisant si vous ne faites pas l\u2019effort de vous adapter. Vos propres capacit\u00e9s dans ce domaine devront \u00eatre en \u00e9veil permanent. Vous n\u2019obtiendrez rien, comme ces enfants g\u00e2t\u00e9s qui veulent tout et tout de suite, si vous n\u2019exercez pas une v\u00e9ritable \u00e9coute calme, humble, longue et attentive, vous ne ma\u00eetriserez pas l\u2019orgue et vous n\u2019aurez en retour, qu\u2019une grimace\u2026 \nMes propos peuvent vous para\u00eetre excessifs, j\u2019en conviens. Mais, j\u2019ai entendu sur l\u2019orgue de Ste Croix de Bordeaux des choses particuli\u00e8rement insatisfaisantes ! Et en revanche d\u2019autres, plus rares, mais tellement plus convaincantes !<\/p>\n
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\n\nLe nombre des soufflets<\/strong><\/em><\/p>\n<\/li>\n<\/ul>\nJe pr\u00e9cise aussi, pour compl\u00e9ter ce que je vous expose, un point technique \u00e0 propos de la soufflerie. A l\u2019orgue de St. Croix, le nombre de soufflets (7 grands soufflets cun\u00e9iformes de 9 pieds sur 4 pieds) peut vous para\u00eetre en contradiction avec ce que j\u2019avance sur ce sujet. \nIl n\u2019en est rien. \nIl n\u2019y a jamais qu\u2019un seul soufflet qui agit. Les autres, m\u00eame s\u2019ils sont remplis de vent, sont toujours en attente. Le soufflet qui agit, est celui qui donne la pression, gr\u00e2ce au poids dispos\u00e9 sur sa table mobile, laquelle pression sera \u00e0 son maximum lorsqu\u2019il est au plus bas de sa course, c’est-\u00e0-dire quand il compresse tr\u00e8s peu d\u2019air. \nC\u2019est un habile tuilage entre les mouvements successifs des tables des soufflets qui fait croire \u00e0 une fausse action concomitante de plusieurs d\u2019entre eux. \nConcernant l\u2019orgue de Sainte-Croix, la r\u00e9partition du vent se fait par une division des portes vents qui rend les plans sonores autonomes. C\u2019est ce qui explique le nombre important de soufflets. \nMais dans le principe g\u00e9n\u00e9ral, DOM-BEDOS nous dit bien \u00ab Le nombre de soufflets n\u2019y changera rien, un seul en principe suffit<\/em> \u00bb. \nUne diff\u00e9rence importante existe entre les deux qu’il faut ici expliquer. \nLe soufflet cun\u00e9iforme est son propre moteur. L’intervention humaine n’est l\u00e0 que pour relever la table sup\u00e9rieure. Une fois celle-ci en action dans sa redescente, il brasse son propre vent. \nIl n’y a aucun recoin de son volume int\u00e9rieur qui ne contienne du vent toujours en action. \nLe r\u00e9servoir \u00e0 tables parall\u00e8les est passif. Il re\u00e7oit de l’air de pompes, ext\u00e9rieures \u00e0 lui actionn\u00e9es par le souffleur, et l’emmagasine de fa\u00e7on statique, cr\u00e9ant ainsi une r\u00e9serve d’air dans laquelle l’orgue puise \u00e0 volont\u00e9. \nCe matelas d’air est ce qui fait la diff\u00e9rence : il devient souvent une mati\u00e8re molle qui amortit et ne r\u00e9pond pas assez vite aux sollicitations tr\u00e8s vives de l’orgue dans sa consommation. Ces appels, non suivis imm\u00e9diatement, cr\u00e9ent alors une secousse appel\u00e9e \u00ab houpement \u00bb, g\u00eanante \u00e0 l’audition musicale. \nLe soufflet, lui, r\u00e9pond toujours avec une imm\u00e9diatet\u00e9 plus rapide puisqu’il est constamment en mouvement. Sa table descendra alors plus ou moins vite. \nIl g\u00e9n\u00e8re un vent \u00e0 la fois plus vivant et plus fluide. \nCette diff\u00e9rence est parfaitement audible lorsque, dans une restauration, on place un ventilateur \u00e9lectrique sur une soufflerie cun\u00e9iforme. On utilise alors un des soufflets comme r\u00e9servoir, mais gardant toujours la possibilit\u00e9 de se servir des soufflets manuellement. \nQuantit\u00e9 et qualit\u00e9 s’affrontent ainsi \u00e0 travers ces deux mani\u00e8res d\u2019utiliser les soufflets cun\u00e9iformes. \nOn notera aussi que l’on emploie le mot vent pour l’un et air pour l’autre. \nLe 19\u00e8me vit arriver peu \u00e0 peu les r\u00e9servoirs en remplacement des soufflets. \nLes soufflets s’usaient plus vite que les autres pi\u00e8ces de l’instrument et il fallait donc plus souvent les r\u00e9parer, le passage des rats acc\u00e9l\u00e9rant cette n\u00e9cessit\u00e9. \nL’exigence d’une quantit\u00e9 sonore rempla\u00e7ant doucement mais in\u00e9luctablement le contentement d’un \u00e9quilibre ancien, le go\u00fbt musical se transformant, attir\u00e9 qu’il \u00e9tait par le flamboiement de l’op\u00e9ra grandissant, de l\u2019orchestre symphonique effervescent, on en profita pour installer des r\u00e9servoirs plus grands et meilleurs fournisseurs de ces app\u00e9tits naissants. \nLa red\u00e9couverte de l’orgue ancien et de son \u00e9quilibre perdu (ou seulement endormi) a heureusement restitu\u00e9 les soufflets cun\u00e9iformes. \nCertains facteurs ont m\u00eame \u00e9vinc\u00e9 le ventilateur b\u00eate, disciplin\u00e9 et bruyant, et propos\u00e9 un rempla\u00e7ant plus ou moins approximatif au souffleur d’antan en imaginant des machineries ou automates de tout type, m\u00e9canique, pneumatiques, \u00e9lectriques. \nTout l\u2019art du souffleur r\u00e9sidera dans la fa\u00e7on dont il l\u00e2chera la table du soufflet suivant, qu\u2019il retenait, presqu\u2019avant que le premier n\u2019ait atteint la fin de sa course : quand il doit la l\u00e2cher, et surtout, comment il doit la l\u00e2cher, de fa\u00e7on \u00e0 op\u00e9rer une transition opportune, profitant si possible d\u2019une respiration dans le discours musical de l\u2019\u0153uvre jou\u00e9e. Ne disait-on pas du souffleur qu\u2019il avait pour mission d\u2019administrer le vent ? \nAdministrer correctement le vent est un art difficile, au d\u00e9but. Il exige une souplesse, un accompagnement doux et progressif, au moment du l\u00e2ch\u00e9 du soufflet en position haute, et une surveillance constante du niveau du soufflet en action pour lui assurer un relais intelligent avant qu’il ne se ferme compl\u00e8tement. \nCette participation peut \u00eatre consid\u00e9r\u00e9e comme un v\u00e9ritable acte musical, un partage de la respiration avec l’interpr\u00e8te au clavier. \nIl repr\u00e9sente en tout cas un passage oblig\u00e9 tr\u00e8s enrichissant pour tout musicien organiste. \nIl est \u00e9trange de constater que bien souvent le souffleur est rel\u00e9gu\u00e9 dans l\u2019arri\u00e8re tribune, dans une place souvent peu confortable, parfois froide ou humide, en tout cas peu propice \u00e0 la gloire et aux ors. Alors qu\u2019il est un des maillons les plus importants de la naissance d\u2019un discours musical. \nEt je reviens encore au chanteur. Celui-ci r\u00e9gule tr\u00e8s habilement sa respiration, le d\u00e9bit du chant reste fluide, ponctu\u00e9 par de courtes respirations bien plac\u00e9es maintenant la constante intelligibilit\u00e9 du discours musical. A l\u2019orgue, cette mission incombait en partie au souffleur. Travail plus subtil qu\u2019il n\u2019y para\u00eet et qui demande une \u00e9coute attentive et constante des \u00e9v\u00e9nements musicaux. \nC\u2019est pour cette raison que je ne suis pas partisan de l\u2019installation d\u2019automates qui remplacent le geste des souffleurs. Ces syst\u00e8mes donnent un type trop simplifi\u00e9 de respiration, qui ne suit jamais fid\u00e8lement le d\u00e9roulement musical. \nDe la m\u00eame fa\u00e7on qu\u2019un \u00e9l\u00e8ve pianiste devrait entretenir son jeu par l\u2019exercice du clavicorde, un passage oblig\u00e9 pour tous nos \u00e9l\u00e8ves organistes devrait \u00eatre celui de l\u2019apprentissage sinon la bonne connaissance du m\u00e9tier de souffleur.<\/p>\n <\/p>\n
\n\nLes porte vents<\/strong><\/em><\/p>\n<\/li>\n<\/ul>\nLe vent poursuit son chemin \u00e0 travers un circuit de porte-vents, calcul\u00e9s, eux aussi, sans exc\u00e8s. \nLa m\u00e9thode pour ce calcul est simple : on additionne la surfaces des perces du sommier qui alimentent une registration grande consommatrice de vent : le Grand Jeu de Tierce (nous entendrons tout \u00e0 l\u2019heure cette registration), et l\u2019on multiplie par 10 parce que nous avons simplement \u2026 dix doigts \u00e0 placer sur un clavier! Le total donne une surface que l\u2019on convertira en section de porte vent rectangulaire ou carr\u00e9e. \nJe vous montrerai aussi les portes vents qui alimentent les sommiers de l\u2019orgue de Ste Croix et vous remarquerez la petitesse des sections en comparaison avec celles des orgues romantiques par exemple.<\/p>\n
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\n\nLe sommier<\/strong><\/em><\/p>\n<\/li>\n<\/ul>\nLe sommier est aussi calcul\u00e9 sans prendre de marge, toujours dans le souci de ne pas d\u00e9grader la qualit\u00e9 du vent. La capacit\u00e9 des gravures qui alimentent les tuyaux est calcul\u00e9e en fonction de certaines registrations comme le grand Plein Jeu ou le Grand Jeu de Tierce, mais jamais plus. Si l\u2019on s\u2019en tient aux registrations qui sont \u00e9nonc\u00e9es \u00e0 la fin du trait\u00e9 de DOM-BEDOS, on remarquera que la qualit\u00e9 du vent et la justesse de l\u2019accord ne sont jamais compromises. Si l\u2019on s\u2019\u00e9carte de ces recommandations, on fera appara\u00eetre des effets incontr\u00f4lables qui d\u00e9gradent le niveau de l\u2019accord et la qualit\u00e9 du vent dans les m\u00e9langes ainsi employ\u00e9s. DOM-BEDOS encore, sur ce sujet a une expression bien parlante \u00ab on \u00e9puise le sommier en faisant ainsi \u00bb<\/p>\n
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\n\nL\u2019harmonisation<\/strong><\/em><\/p>\n<\/li>\n<\/ul>\nMon expos\u00e9 ne serait pas complet si je n\u2019abordais pas l\u2019aspect \u00ab harmonisation \u00bb des tuyaux, c’est-\u00e0-dire la mani\u00e8re dont nous les faisons parler. \nCe qui diff\u00e9rencie les styles d\u2019instruments provient de la mani\u00e8re d\u2019harmoniser les tuyaux, c’est-\u00e0-dire de les faire parler. Pour ce faire, les facteurs d\u2019orgues se r\u00e9f\u00e8rent de mani\u00e8re plus ou moins consciente \u00e0 leurs propres langages, les cultures dont ils sont issus. C\u2019est ici qu\u2019il faut chercher l\u2019origine des grandes vari\u00e9t\u00e9s de styles d\u2019orgues.<\/p>\n
Il va de soi que la technique d\u2019harmonisation que l\u2019on dit propre \u00e0 chaque facteur d\u2019orgues va avoir des cons\u00e9quences certaines sur le r\u00e9sultat des choix de registrations. Certaines registrations par exemple ne sonnent pas de la m\u00eame mani\u00e8re \u00e0 l\u2019orgue CLICQUOT de Saint-Pierre de Poitiers comme \u00e0 l\u2019orgue DOM-BEDOS de Sainte Croix de Bordeaux. Cela provient en partie de la diff\u00e9rence de construction de la tuyauterie, beaucoup plus fine chez DOM-BEDOS et par contre plus robuste chez CLICQUOT, mais aussi, essentiellement du cadre acoustique du lieu o\u00f9 est plac\u00e9 l\u2019instrument. \nCette diff\u00e9rence conduit naturellement l\u2019harmoniste \u00e0 s\u2019adapter au mat\u00e9riel (qu\u2019il a choisi) et \u00e0 l\u2019environnement (qui lui est impos\u00e9).<\/p>\n
Je cite encore une phrase de DOM-BEDOS \u00e0 propos de l\u2019harmonisation des tuyaux : \u00ab on s\u2019arrangera pour tirer de chaque tuyau un maximum de son<\/em> \u00bb. Il faut comprendre cette phrase dans le contexte du param\u00e9trage tr\u00e8s particulier de la tuyauterie sur lequel se fonde l\u2019harmonisation du style classique fran\u00e7ais 18\u00e8me si\u00e8cle. Il ne faut pas comprendre cette phrase dans le sens : on s\u2019arrangera pour harmoniser les tuyaux le plus fort possible. \nCe serait un contre sens puisque, un peu plus loin, DOM-BEDOS pr\u00e9cise une s\u00e9rie de mesures et notamment l\u2019ouverture des bouches (le rapport entre la largeur et la hauteur de celles-ci) qui ne peuvent pas physiquement produire de la puissance au sens ou on l\u2019entend aujourd\u2019hui, c’est-\u00e0-dire une forte quantit\u00e9 de d\u00e9cibels. \nSi Dom-Bedos indique que l\u2019on doit tirer de chaque tuyaux le maximum de son et cela en fonction des mesures qu\u2019il pr\u00e9cise il \u00e9nonce ensuite une s\u00e9rie de d\u00e9fauts qu\u2019il invite \u00e0 corriger : les bruits de souffles, les parasites etc… Il indique aussi clairement ce qu\u2019il souhaite, que chaque tuyau doit \u00eatre rapide (c\u2019est en r\u00e9f\u00e9rence direct avec le transitoire d\u2019attaque), qu\u2019il ne doit pas \u00ab piauler \u00bb (r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 l\u2019ouverture des pieds, qu\u2019il doit \u00eatre stable (r\u00e9gularit\u00e9 des lumi\u00e8res pour une bonne ma\u00eetrise de la consommation du vent). Il y a suffisamment d\u2019indications de ce type dans le trait\u00e9 pour pouvoir se faire une id\u00e9e pr\u00e9cise de ce qu\u2019il voulait entendre ou, encore plus pr\u00e9cis\u00e9ment, la mani\u00e8re dont on souhaitait qu\u2019un orgue sonne \u00e0 cette \u00e9poque. \nIl n\u2019y a nulle part ailleurs, dans toute la litt\u00e9rature consacr\u00e9e \u00e0 l\u2019orgue \u00e0 cette \u00e9poque des descriptions aussi pr\u00e9cises du son. L\u2019ouvrage de DOM-BEDOS est unique, incontournable, et sans aucune ambigu\u00eft\u00e9.<\/p>\nLe principe g\u00e9n\u00e9ral de l\u2019harmonisation, pour toute l\u2019\u00e9poque classique, est celui de la synth\u00e8se : si l\u2019on ajoute \u00e0 un son fondamental, un autre son ou un m\u00eame son, le son fondamental se m\u00e9tamorphose. Il n\u2019a pas seulement gagn\u00e9 en puissance, il a surtout gagn\u00e9 en couleur. L\u2019intensit\u00e9 des couleurs peut parfois donner l\u2019illusion de puissance. Vous pourrez facilement le constater en appliquant tout \u00e0 l\u2019heure certaines registrations recommand\u00e9es dan le trait\u00e9.<\/p>\n
Pour que la fusion des timbres puisse se r\u00e9aliser, il y a dans le son de tout tuyau d\u2019orgue un ph\u00e9nom\u00e8ne acoustique que vous connaissez tous : le transitoire d\u2019attaque. Les facteurs d\u2019orgues appellent cela le \u00ab coup d\u2019archet \u00bb. C\u2019est un son dynamique dont la courte \u00e9mission est form\u00e9e d\u2019harmoniques \u00e9lev\u00e9es, tr\u00e8s sensible \u00e0 la mani\u00e8re dont le vent s\u2019engouffre dans la colonne d\u2019air, donc tr\u00e8s sensible au toucher de l\u2019organiste. C\u2019est ce \u00ab transitoire \u00bb appel\u00e9 ainsi par les physiciens qui donne une identit\u00e9 au son. \nVous avez certainement entendu parler de l\u2019exp\u00e9rience faite par des acousticiens qui, par une technique particuli\u00e8re d\u2019enregistrement, ont retranch\u00e9 du son de plusieurs instruments (hautbois, violons, piano, trombone, clavecin etc.\u2026) le transitoire d\u2019attaque : notre oreille est alors incapable d\u2019identifier l\u2019appartenance de chaque son. C\u2019est comme ci l\u2019on supprimait toutes les consonnes de notre langage ! \nAu stade de \u00ab l\u2019embouchage \u00bb de chaque tuyau, l\u2019harmoniste est tr\u00e8s attentif aux transitoires. Toute son \u00e9coute est concentr\u00e9e sur ce micro ph\u00e9nom\u00e8ne qui pour lui est prioritaire sur la qualit\u00e9 du son tenu. Celui-ci est g\u00e9n\u00e9ralement satisfaisant lorsque le transitoire est bien constitu\u00e9 et que son oreille capte pr\u00e9cis\u00e9ment la particularit\u00e9 du \u00ab phon\u00e8me \u00bb qui doit se cr\u00e9er le plus naturellement possible. Chaque tuyau d\u00e9veloppe un transitoire dont il n\u2019est pas forcement n\u00e9cessaire qu\u2019il soit strictement identique au pr\u00e9c\u00e9dent. Il se cr\u00e9e ainsi pour une s\u00e9rie de tuyaux, autrement dit, un jeu, une identit\u00e9 qui s\u2019assimile \u00e0 un langage que l\u2019organiste peut modifier par sa mani\u00e8re de \u00ab toucher le clavier \u00bb. Si \u00e0 cela, il \u00e9coute les r\u00e9actions du vent qu\u2019il peut aussi ma\u00eetriser, l\u2019orgue est alors un instrument presque aussi sensible qu\u2019un violon ou tout simplement la voix. \nOn dit souvent de l\u2019orgue qu\u2019il est inexpressif parce que l\u2019on ne peut varier l\u2019intensit\u00e9 du son quelle que soit la mani\u00e8re dont on enfonce la touche du clavier. C\u2019est vrai pour certains types d\u2019orgues dont l\u2019harmoniste n\u2019aurait tenu compte que du param\u00e8tre le plus simpliste et le moins int\u00e9ressant musicalement : la force ou l\u2019intensit\u00e9. Nous appelons cela \u00ab l\u2019\u00e9galisation \u00bb. Plus on \u00e9galise un jeu d\u2019orgue plus on l\u2019\u00e9teint. Je ne dis pas qu\u2019il ne faut pas \u00e9galiser, je dis simplement qu\u2019il est plus int\u00e9ressant musicalement d\u2019harmoniser les diff\u00e9rences sans les faire dispara\u00eetre plut\u00f4t que de \u00ab raboter \u00bb b\u00eatement le son d\u2019un tuyau pour qu\u2019il ressemble \u00e0 son voisin du dessous ou du dessus. Toutes ces diff\u00e9rences rendent l\u2019\u00e9locution de l\u2019orgue tr\u00e8s attractive lorsque l\u2019organiste a bien compris ce qu\u2019il peut en faire. \nLes registrations ne sont r\u00e9alisables que si l\u2019harmonisation est ainsi faite. Dans le cas contraire on n\u2019obtient \u00e0 la place de la fusion des timbres, qu\u2019une addition de son assez inefficace, sans r\u00e9els changements de couleur, sans lisibilit\u00e9 de la polyphonie et surtout, parfaitement ennuyeuse. \nEst-ce-que tout cela, s\u2019applique \u00e0 l\u2019orgue symphonique ? Je dirais oui volontiers mais peut \u00eatre pas tous. En tout cas pas ceux construits ou transform\u00e9s dans la premi\u00e8re moiti\u00e9 du 20\u00e8me si\u00e8cle, p\u00e9riode noire (cela n\u2019engage que moi) de la facture d\u2019orgues, du moins en France, et pourtant, paradoxalement, une p\u00e9riode d\u2019une grande f\u00e9condit\u00e9 en mati\u00e8re de litt\u00e9rature sur notre instrument. J\u2019ai toujours entendu dans les instruments les plus authentiques de Cavaill\u00e9-Coll, par exemple, un transitoire \u00e0 l\u2019\u00e9mission du son de chaque tuyau, d\u00e9velopp\u00e9 diff\u00e9remment de celui d\u2019un orgue classique, mais quand m\u00eame bien pr\u00e9sent. Il y a des textes aussi d\u2019un facteur d\u2019orgues bourguignon comme Joseph Callinet au 19\u00e8me si\u00e8cle qui parle des coups d\u2019archets etc\u2026 Le transitoire d\u2019attaque est, dans ses orgues aussi pr\u00e9sent que dans un orgue du 18\u00e8me si\u00e8cle.<\/p>\n
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\n\nLes mesures des tuyaux<\/strong><\/p>\n<\/li>\n<\/ul>\nCe ne sont pas ces seuls aspects qui justifieraient que l\u2019on puisse jouer de la musique plus ancienne sur l\u2019orgue de St Croix. La couleur sonore, le transitoire d\u2019attaque, l\u2019intensit\u00e9, le syst\u00e8me d\u2019accord sont secondaires devant un autre principe qui, lui, fonde avant tout l\u2019\u00e9difice sonore. Il s\u2019agit de la mani\u00e8re dont on calcule les mesures de chaque tuyau. \nJusqu\u2019au milieu du 19\u00e8me si\u00e8cle, et l\u2019av\u00e8nement des th\u00e9ories de T\u00f6pffer en Allemagne ou Cavaill\u00e9-Coll en France, le calcul des diam\u00e8tres des tuyaux d\u2019un jeu se fait en trois paliers : le grave, la taille (le m\u00e9dium), et le dessus. On pourrait dire que nous avons trois registres dans un seul jeu. Cette mani\u00e8re d\u2019\u00e9tablir les \u00ab Tailles \u00bb de la tuyauterie favorise in\u00e9vitablement le caract\u00e8re polyphonique. C\u2019est pour cette raison, que, quel que soit le style de l\u2019instrument, toute musique ancienne est possible dans ce contexte. En revanche, Cavaill\u00e9-Coll, \u00e9tablit les tailles des tuyaux (la progression des diam\u00e8tres) en utilisant une r\u00e8gle proportionnelle entre le plus grand et le plus petit diam\u00e8tre d\u2019une s\u00e9rie (d\u2019un jeu). La notion de \u00ab grave, taille et dessus\u00bb anciennement bien diff\u00e9renci\u00e9es devient donc tr\u00e8s att\u00e9nu\u00e9e. C\u2019est au profit d\u2019une autre musique, qui n\u2019exclut pas toujours le contre-point certes, mais qui nous parle d\u2019une tout autre mani\u00e8re. Sur ces orgues ainsi con\u00e7us, il serait effectivement inappropri\u00e9 et bien difficile d\u2019aborder le r\u00e9pertoire de la musique dite \u00ab Ancienne \u00bb.<\/p>\n
\n\nLa registration sur un orgue de type fran\u00e7ais<\/strong><\/em><\/p>\n<\/li>\n<\/ul>\nAujourd\u2019hui, nous sommes face \u00e0 un vaste patrimoine historique musical et instrumental qui exige une r\u00e9flexion approfondie et une analyse exigeante si l\u2019on veut \u00ab faire para\u00eetre \u00bb (c\u2019est un terme fr\u00e9quemment utilis\u00e9 par DOM-BEDOS) et la musique et l\u2019orgue sans trahir aucun d\u2019eux. \nLe chapitre concernant les registrations chez DOM-BEDOS se termine par cette magnifique maxime :<\/p>\n
\u00ab Plus un organiste fera para\u00eetre l\u2019orgue, plus il plaira et plus il para\u00eetra lui-m\u00eame <\/strong><\/em>\u00bb.<\/p>\nVous comprendrez maintenant et facilement que ces registrations, \u00e0 la fin du trait\u00e9, sont aussi l\u2019\u00e9nonc\u00e9 d\u2019une s\u00e9rie de recommandations pour faire \u00ab Para\u00eetre l\u2019orgue \u00bb et, bien \u00e9videmment, l\u2019organiste. \nIl y a d\u2019abord toutes les recettes de DOM-BEDOS, elles fonctionnent toutes parfaitement pour les cas de figures musicales qu\u2019il propose. Il dit dans son ouvrage qu\u2019il les a soumises aux meilleures organistes qui les ont approuv\u00e9es. Mais tout cela, uniquement dans le cadre du style fran\u00e7ais classique. \nAujourd\u2019hui, vous souhaiterez, l\u00e9gitimement, jouer aussi d\u2019autres litt\u00e9ratures, classique, baroque, renaissance. C\u2019est alors \u00e0 vous d\u2019inventer de nouvelles couleurs, de nouveaux m\u00e9langes qui fonctionneront tout aussi bien que ceux de DOM-BEDOS pourvu que votre \u00e9coute soit attentive. \nDOM BEDOS, par exemple va plus loin que les habitudes de son \u00e9poque. C\u2019est le cas des \u00e9tonnantes registrations des jeux d\u2019anches qu\u2019il m\u00e9lange avec le plein jeu et qui annonce peut \u00eatre d\u00e9j\u00e0 les \u00ab Tutti \u00bb de l\u2019\u00e9poque n\u00e9oclassique, il propose aussi des m\u00e9langes pour imiter les oiseaux, comment ne pas penser \u00e0 Messiaen\u2026 \nOn voit bien que son syst\u00e8me n\u2019est pas ferm\u00e9 : la d\u00e9clinaison des registrations \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur des jeux de tierces, le petit et le grand est quasiment infinie. De nombreux assemblages entre familles de son oppos\u00e9es, les fl\u00fbtes et les principaux par exemple sont possibles, l\u2019important \u00e9tant de respecter la capacit\u00e9 du sommier et des soufflets \u00e0 nourrir tous ces tuyaux et de bien percevoir les limites du temp\u00e9rament et de la stabilit\u00e9 de l\u2019accord.<\/p>\n
Vous pouvez aussi m\u2019objecter que toutes ces sonorit\u00e9s, con\u00e7ues au 18\u00e8me si\u00e8cle, ne pourront jamais \u00eatre conformes \u00e0 un langage musical plus ancien que ce si\u00e8cle. Cette objection n\u2019a que l\u2019apparence de la v\u00e9rit\u00e9. \nS\u2019en tenir \u00e0 cette affirmation est bien trop restrictif. \nTout d\u2019abord, \u00e0 ce propos, DOM-BEDOS, ne semble pas quelqu\u2019un d\u2019avant-garde. Il suffit de lire son discours sur le temp\u00e9rament. Bien qu\u2019il d\u00e9crive le syst\u00e8me de temp\u00e9rament \u00e9gal, il indique clairement que seul le M\u00e9sotonique est r\u00e9ellement avantageux. Je vous rappelle que le M\u00e9sotonique est propre \u00e0 la musique de la Renaissance et qu\u2019en 1748, date \u00e0 laquelle fut \u00e9difi\u00e9 l\u2019orgue de Sainte Croix de Bordeaux, le syst\u00e8me d\u2019accord avait d\u00e9j\u00e0 beaucoup \u00e9volu\u00e9. Il n\u2019\u00e9tait pas rare d\u2019\u00e9crire de la musique dans des tonalit\u00e9s tr\u00e8s \u00e9loign\u00e9es de Do majeur par exemple. D\u00e9j\u00e0 sur ce point pr\u00e9cis, on voit bien qu\u2019il y a une sorte de frottement entre la pens\u00e9e de DOM-BEDOS et le go\u00fbt et les pratiques de son \u00e9poque. \nEt puis, il y a aussi dans l\u2019\u00e9nonc\u00e9 des registrations un go\u00fbt marqu\u00e9 pour le contrepoint, il parle de la fugue grave, la fugue de mouvement etc\u2026Bach d\u00e9c\u00e8de en 1750 et appara\u00eet \u00e0 la fin de sa vie comme un autre tenant archa\u00efsant du style fugu\u00e9. L\u2019Art de la Fugue en est un exemple frappant.<\/p>\n
<\/p>\n
Bibliographie<\/strong><\/p>\nJe termine cet expos\u00e9 en vous citant quelques ouvrages de r\u00e9f\u00e9rences :<\/p>\n
\nTout d\u2019abord, l\u2019ouvrage de DOM-BEDOS, \u00ab l\u2019Art du facteur d\u2019orgue <\/strong>\u00bb. Il y a une tr\u00e8s belle \u00e9dition \u2026 Je vous invite \u00e0 lire le chapitre sur les registrations et, \u00e9galement les conseils qu\u2019il donne aux organistes pour la maintenance et l\u2019entretien de l\u2019instrument dont ils sont titulaires\u2026 Vous serez \u00e9tonn\u00e9s, et, vous serez bien plus indulgents j\u2019en suis s\u00fbr, apr\u00e8s cette lecture, en formulant bien h\u00e2tivement parfois, des critiques sur la qualit\u00e9 des facteurs d\u2019orgues !<\/li>\nUn ouvrage captivant : \u00ab 2000 ans d\u2019orgue<\/strong> \u00bb, \u00e9crit par M. Martin aux \u00e9ditions \u2026. C\u2019est l\u2019histoire de l\u2019orgue durant l\u2019Antiquit\u00e9. Il reprend beaucoup d\u2019\u00e9l\u00e9ments d\u2019une th\u00e8se de Perrault sur l\u2019Hydraule publi\u00e9e au si\u00e8cle dernier et introuvable aujourd\u2019hui. La description du syst\u00e8me de soufflerie hydraulique est claire et facile \u00e0 comprendre, agr\u00e9ment\u00e9e de nombreux sch\u00e9mas et documents photographiques. Ce livre nous parle des origines de l\u2019orgue et de la mani\u00e8re dont le concept a pris forme et aussi comment cette \u00ab invention \u00bb c\u2019est diffus\u00e9 dans le monde antique (jusqu\u2019en Chine).<\/li>\nLe Syntagma Musicum de strong>Micha\u00ebl Praetorius aux \u00e9ditions Ars Musicae<\/strong>. C\u2019est un ouvrage important pour les organistes et facteur d\u2019orgues. Je vous ai parl\u00e9 au d\u00e9but de cet expos\u00e9 du \u00ab Blockwerk \u00bb cet orgue sans registres et de ses transformations successives. Il n\u2019existe plus rien aujourd\u2019hui de ces orgues si ce ne sont que quelques tuyaux et des buffets (L\u2019orgue de Daroca en Espagne dans la province d\u2019Aragon en est un magnifique exemple ou ceux en France, de la cath\u00e9drale d\u2019Embrun dans les Alpes, ou la Cath\u00e9drale d\u2019Amiens). \nPraetorius est le t\u00e9moin le plus proche de nous qui ait connu et entendu ces orgues. Il en parle de mani\u00e8re extr\u00eamement int\u00e9ressante et je vous invite \u00e0 vous impr\u00e9gner de cette lecture pour bien comprendre tout ce qui se passera par la suite. Ce livre a \u00e9t\u00e9 traduit r\u00e9cemment en fran\u00e7ais.<\/li>\n\u00ab Le Temp\u00e9rament musical<\/strong> \u00bb un ouvrage de Dominique Devie<\/strong> sur les diff\u00e9rents syst\u00e8mes d\u2019accord pratiqu\u00e9s selon diff\u00e9rentes \u00e9poques vous y trouverez des commentaires tr\u00e8s instructifs sur l\u2019historique et les cons\u00e9quences musicales de telles ou telles pratiques d\u2019accord des instruments \u00e0 clavier. Il y a \u00e9galement des m\u00e9thodes simples pour accorder sans l\u2019usage d\u2019appareil \u00e9lectronique, lesquels, sont d\u2019une pr\u00e9cision pour l\u2019orgue \u00e0 tuyaux, tr\u00e8s relative. Il y aussi des points de vue assez engag\u00e9s, sans doute un peu partisans comme par exemple : quel temp\u00e9rament pour la musique de Bach ? mais en tout cas instructifs et \u00e0 conna\u00eetre absolument.<\/li>\nUne \u00e9tude passionnante d\u2019Andr\u00e9 Isoir<\/strong>, publi\u00e9e dans \u00ab la Revue Musicale<\/strong> \u00bb (double num\u00e9ro 295-296 consacr\u00e9 \u00e0 l\u2019orgue Fran\u00e7ais, ann\u00e9e 1977). Cette \u00e9tude parle du syst\u00e8me de soufflerie et des r\u00e9actions du souffle dans les orgues anciens et principalement en ce qui concerne le style fran\u00e7ais. C\u2019est le point de vue du musicien qui exploite musicalement les ph\u00e9nom\u00e8nes dynamiques du vent et qui explique comment on \u00ab respire \u00bb avec l\u2019orgue. C\u2019est un article tr\u00e8s pertinent, agr\u00e9ment\u00e9 d\u2019observations techniques faciles \u00e0 comprendre.<\/li>\nUn article \u00e9galement du facteur d\u2019orgues Philipe Hartmann<\/strong>, publi\u00e9 dans la revue de la F.F.A.O. Il traite des syst\u00e8mes de souffleries et principalement des souffleries cun\u00e9iformes \u00e0 l\u2019occasion de la reconstitution de la soufflerie de l\u2019orgue CLICQUOT de Souvigny dans l\u2019Allier. Philippe Hartmann est l\u2019un des premiers facteurs d\u2019orgues de notre \u00e9poque \u00e0 avoir port\u00e9 un regard critique et analytique exigeant sur la mani\u00e8re dont on con\u00e7oit le \u00ab vent \u00bb aujourd\u2019hui dans les orgues.<\/li>\nEt puis, pour terminer, un ouvrage fondamental sur l\u2019orgue fran\u00e7ais, \u00e9crit par l\u2019organiste Jean Fellot<\/strong> aux \u00e9ditions ERISUD<\/strong>, ouvrage en cours de r\u00e9impression. Jean Fellot explique le principe du plenum fran\u00e7ais, le pourquoi des reprisse d\u2019octave ou de quinte, la fonction des grandes fournitures, des cymbales, des plein-jeux cymbalis\u00e9s etc\u2026 ; le r\u00f4le des r\u00e9sultantes de 16p ; 32p etc… Il fait, \u00e0 la fin de son ouvrage, beaucoup de comparaisons entre les diff\u00e9rents syst\u00e8mes de plenum employ\u00e9s \u00e0 travers l\u2019Europe. Il aborde aussi les autres familles de jeux, jeux de tierces, jeux d\u2019anches. Il y a aussi des comparaisons de mesures avec des commentaires tr\u00e8s pertinents. Ce livre est dans un langage simple, compr\u00e9hensible par tous, organistes, facteurs d\u2019orgues. \nLa nouvelle \u00e9dition est agr\u00e9ment\u00e9e de consid\u00e9rations acoustiques scientifiques qui, \u00e0 mon avis, rendent difficile et laborieuse la lecture. Ces consid\u00e9rations acoustiques n\u2019apportent rien, \u00e0 mon avis, d\u2019utile aux organistes.<\/li>\n<\/ul>\n <\/p>\n <\/a>\n <\/p>\n
Pascal Quoirin \u2013 Facteur d\u2019orgues.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
Point de vue d\u2019un facteur d\u2019orgues Conf\u00e9rence donn\u00e9e le 24 Janvier 2009 au Conservatoire de BORDEAUX par Pascal Quoirin, Facteur d\u2019orgues L\u2019objectif que je me suis donn\u00e9 pour cette conf\u00e9rence est de vous inciter \u00e0 d\u00e9velopper des r\u00e9flexes simples qui vous permettront d\u2019exploiter de la mani\u00e8re la plus appropri\u00e9e toute la palette sonore … Continuer la lecture de « Les registrations de DOM-BEDOS »<\/span><\/a><\/p>\n","protected":false},"author":2490,"featured_media":0,"parent":115,"menu_order":50,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","template":"","meta":{"_acf_changed":false,"footnotes":""},"class_list":["post-5033","page","type-page","status-publish","hentry"],"acf":[],"yoast_head":"\nLes registrations de DOM-BEDOS - Orgue en France<\/title>\n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n\t \n