Numérisation des Orgues
Numérisation des Orgues
Orgue en France a été saisie par plusieurs organistes et associations qui ont été contactés par une société demandant à procéder à la numérisation d’un orgue dans le but de produire des sons utilisables ensuite sur un instrument électronique. Dans la majorité des cas, ces demandes concernent des instruments importants, la plupart étant protégés au titre des monuments historiques.
Au vu des informations qui nous ont été communiquées, ces numérisations ont pour objectif la constitution de banques de données afin d’équiper des instruments électroniques.
Afin de permettre aux uns et autres d’appréhender ce type de demande, il est utile de préciser les points suivants :
- Ce type d’opération est à but commercial ;
- Cette opération s’apparente à la reproduction d’une œuvre d’art originale ;
- Contrairement à ce qui a pu être interprété, ce type d’opération n’est pas soutenu par l’Unesco.
En préalable, plusieurs autorisations sont nécessaires :
- Celle du propriétaire de l’instrument ;
- Celle du clergé affectataire pour les orgues situés dans un édifice cultuel, l’instrument étant affecté au culte conformément à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat (l’affectation est permanente et ne se limite pas aux offices) ;
- Celle du facteur d’orgues qui a construit ou restauré l’instrument ;
- Celle du maitre d’œuvre qui a conduit les travaux de restauration ou de construction de l’instrument ou qui est en charge de la surveillance de celui-ci.
Il nous a été signalé que des orgues avaient été enregistrés alors qu’ils n’étaient pas en parfait état (tuyaux désaccordés, y compris dans les jeux de fonds), ce qui donne une mauvaise image de l’instrument et peut porter un préjudice à ceux qui en ont la charge (propriétaire, facteur d’orgues, services de l’Etat, maître d’œuvre, etc.). Quand bien même des rectifications de l’accord seraient techniquement possibles ultérieurement par des moyens numériques, les facteurs d’orgues rappellent que pour que l’orgue sonne dans sa pleine et bonne harmonie, il faut qu’il soit parfaitement juste.
L’association Orgue en France considère que toute opération de cette nature devrait répondre aux exigences suivantes :
- L’orgue doit être parfaitement juste au moment de l’opération, ce qui suppose que le facteur d’orgues chargé de l’entretien de l’instrument intervienne pour rendre l’orgue « sous son meilleur jour », ce qui dans la plupart des cas nécessitera un accord général. Le coût de cette intervention doit être à la charge de la société qui sollicite cet enregistrement. Toute intervention sur un orgue qui ne serait pas au meilleur niveau devrait être refusée.
- Les frais provoqués par cette intervention à l’affectataire et au propriétaire par l’utilisation de l’édifice et de l’orgue doivent faire l’objet d’un remboursement par la société qui sollicite l’utilisation de l’orgue et donc de l’édifice dans lequel il est situé (électricité, gardiennage, etc.).
- La présence du facteur d’orgues chargé de l’entretien est impérative au moment de l’opération (pour donner les consignes nécessaires aux personnes qui interviennent au cours de celle-ci) et à l’issue de celle-ci (pour vérifier l’état de l’instrument) ; cette intervention doit être à la charge de la société.
- La société devra fournir une attestation d’assurance couvrant tout dégât éventuel qui surviendrait à l’instrument et à l’édifice ; les conditions et garanties de cette assurance doivent être établies par le propriétaire de l’orgue et de l’édifice, le clergé affectataire et les utilisateurs habituels de l’instrument.
- Une contribution doit être versée au propriétaire de l’instrument, au titre de l’utilisation et de l’exploitation et en tant que contribution à la pérennité de ce patrimoine et à son entretien pour les années futures. Nous estimons que cette contribution ne saurait être inférieure à l’équivalent de cinq ans d’entretien de l’instrument à raison d’au moins 4 visites par an du facteur d’orgues.
En cas de propriétaire public (collectivité publique, Etat), si celui-ci n’était pas rémunéré à une juste valeur, cela pourrait faire l’objet d’un recours (un habitant de la commune propriétaire pourrait en effet estimer que la commune a été insuffisamment dédommagée et donc lésée). - Un contrat doit être établi entre toutes les parties concernées afin de préciser l’ensemble des conditions de l’opération. La durée de ce contrat (pour l’exploitation commerciale) doit être limitée dans le temps. Orgue en France préconise une période de 10 ans maximum, à l’issue de laquelle, si les parties en conviennent, un nouveau contrat d’exploitation pourrait être envisagé dont les termes, la durée, et les conditions seront renégociées.
- Les conditions ci-dessus ne présument pas des éventuels droits relatifs à la propriété intellectuelle.
Il est recommandé à toutes les personnes physiques et morales sollicitées de bien analyser la nature et le montant des produits générés par cette opération commerciale ainsi que les retours en matière de publicité et de marketing pour la société commerciale, afin de mesurer les profits et avantages de celle-ci. Il s’agit aussi de mesurer que ce type d’opération contribue à la vente d’instruments électroniques et non d’orgues à tuyaux.