Le monde de l’orgue vient d’apprendre avec une grande tristesse la disparition à l’âge de 56 ans d’Olivier Robert, facteur d’orgues installé tout près de Nantes.
Issu comme son frère Robert de la « Manufacture d’orgues Renaud » de Nantes, ils avaient créé la « Manufacture d’orgues Robert frères » en 2000, installée à La Chapelle sur Erdre. Ils étaient souvent appelés tout simplement « les frères Robert ». Olivier Robert était l’harmoniste de la maison.
L’organiste Henri-Franck Beaupérin, commanditaire de l’orgue transportable « Gulliver », que la manufacture venait tout juste de terminer avant l’été, a bien voulu écrire ces quelques lignes afin de lui rendre hommage.
Les membres du conseil d’administration d’Orgue en France partagent la peine de son frère, de l’équipe de la manufacture et de toute sa famille.
Le son d’Olivier Robert
On ne pouvait imaginer, en rencontrant Olivier et Stéphane Robert, qu’ils étaient jumeaux, tant leurs physionomies et leurs tempéraments étaient dissemblables. Mais les deux frères avaient su, de cette complémentarité, faire la force de l’entreprise qu’ils menaient en tandem et au sein duquel Olivier, une fois l’instrument planifié et assemblé par Stéphane et ses coéquipiers, venait en tant qu’harmoniste lui donner sa voix, sa personnalité.
Ce qui est remarquable dans les orgues harmonisés par Olivier Robert, c’était tout d’abord une sorte d’évidence sonore faite de ferme cohérence, le sentiment que cet instrument n’aurait pu sonner différemment de ce qu’il est, que sa physionomie artistique est telle par nécessité.
Mais ces orgues s’imposent aussi par une ampleur lyrique, une assise, un aplomb qui porte dans l’espace avec plénitude mais sans violence ; un son établi sur une fondamentale forte mais avec une sorte de grain caractéristique résultant d’harmoniques émis avec franchise.
Olivier Robert était catalogué comme “symphoniste”, et de fait son parcours l’a surtout conduit au chevet d’instruments relevant d’une telle conception. Mais pour lui, il ne s’agissait pas d’une option esthétique issue d’un choix. Son soin, sa fierté, consistaient simplement à faire sonner l’orgue de belle manière, sans parti pris, au mieux de ce que permettaient les tuyaux qui lui étaient confiés.
Et de fait, combien d’organistes auront retrouvé leur orgue, une fois ré-harmonisé par lui, à la fois identique et métamorphosé, comme si, par son intervention, il avait porté l’instrument à sa véritable plénitude.
Pour cette raison, il serait sans doute périlleux de souhaiter retoucher les orgues Robert. On aura au contraire intérêt à les préserver, à les étudier pour pérenniser ce qu’ils incarnent en ce début de XXIe siècle : l’art du facteur d’orgues.
Henri-Franck Beaupérin.
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