Le mot du président d’Orgue en France

Grand Orgue de Notre-Dame de Paris
Photo : N.N.

Un an déjà, un mois seulement…

Un an déjà : après l’incendie qui a ravagé Notre Dame de Paris et a frappé de stupeur et de consternation le monde entier, l’humanité affronte une crise sanitaire inouïe dont la violence nous ramène à des temps oubliés.
Un mois seulement : nous sommes plongés dans une sorte de torpeur, d’isolement et d’angoisse, guettant des jours meilleurs qui ne seront plus comme les jours anciens.

En ces temps incertains que la lumière de Pâques apporte l’espoir mais aussi le réconfort à ceux qui souffrent et le soutien à ceux qui sauvent.


Comme chacun a pu le constater, le monde est en grande partie à l’arrêt avec des conséquences que personne n’imaginait et nous ne savons pas comment sera le monde d’après.

En ce jour où nous commémorons dans nos cœurs meurtris le drame de l’incendie de Notre Dame, partageons l’espérance de nous retrouver dans notre chère cathédrale pour le chant du Salve Regina.

Je vous adresse mes fidèles amitiés et vous souhaite le meilleur possible ainsi qu’à vos proches, dans l’attente de nous retrouver.

Philippe Lefebvre
Président d’Orgue en France
Organiste titulaire de Notre Dame de Paris

ci-dessous un lien pour vous faire revivre le grand orgue de Notre Dame et le grand Salve.
Improvisation sur Salve Regina – Philippe Lefebvre – ND de Paris – 8 janvier 2017

 
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________15/04/2020

Jean-Claude GUIDARINI nous a quittés…

Avec un retard dû à une très grande émotion, j’ai le regret de vous faire part du décès de l’organiste toulousain Jean-Claude Guidarini qui s’est éteint ce Vendredi Saint, 10 avril 2020, à 16h30, à l’hôpital Joseph Ducuing de Toulouse…

Emporté bien trop jeune, à l’âge de 58 ans (comme Xavier Darasse qu’il admirait), il a succombé à un long cancer contre lequel il s’est battu avec un courage et une énergie qui forcent l’admiration. Son ami Emmanuel Pélaprat, titulaire avec lui de l’orgue Puget de Notre-Dame-du-Taur, se trouvait à ses cotés et a pu l’accompagner dans les derniers moments de ce « chemin de Croix » que Jean-Claude avait accepté depuis longtemps avec lucidité et sérénité. Il avait pu encore se hisser le dimanche 1er mars jusqu’à la tribune de Saint-Sernin, où il était également organiste, pour jouer les offices. Il m’écrivit alors sa joie profonde de retrouver le magnifique Cavaillé-Coll qu’il chérissait, et pour lequel il avait tant donné lors du dernier relevage il y a trois ans, auprès du facteur Olivier Robert.

Il s’était fixé comme un point de mire, une lumière dans ses ténèbres, de jouer la Vigile Pascale, « ma dernière » disait-il. Avec sans doute aussi, je le sais, l’espoir secret et inaccessible d’assister en mai aux 10 ans de ses « Moments musicaux », plus de 12 concerts annuels qu’il organisait avec passion et persévérance en deux séries : « pour le temps de l’Avent », et « de Pâques à la Trinité », invitant les jeunes organistes à jouer « son » orgue du Taur. Il présentait l’interprète, puis écoutait attentivement la musique.

Et puis vint le confinement et ses sinistres conséquences. C’en fut trop pour sa résistance au mal.

Littéralement amoureux, dès sa jeunesse aveyronnaise, des orgues et de la Musique, il abandonne ses études de pharmacie pour se consacrer entièrement à sa passion. D’origine italienne par ses parents, son intérêt pour la facture d’orgue le conduit d’abord tout jeune à travailler durant trois ans au sein du Gabinetto restauro organi du Palais Pitti à Florence. Plus tard, il revient à Toulouse et entre dans la classe d’orgue du Conservatoire, où il devient non seulement l’élève mais en quelque sorte l’assistant de Willem Jansen et de moi-même, et l’animateur le plus zélé pour la vie de la classe. Comment oublier les nombreux voyages d’orgue, tous mémorables, en Italie, en Espagne, en Hollande, en Suisse etc., agrémentés de ses espliègleries de garnement toujours prêt à jouer un bon tour.

Qui d’autre que lui pouvait écrire sur le Livre d’or de l’orgue de Porrentruy : « Merci à Silbermann d’avoir réalisé une si belle copie de Ahrend ! »? Qui d’autre que lui pouvait venir dans la nuit du 1er Avril 1992, équipé d’une échelle, changer la plaque de ma rue (Désarnauts) pour une autre patiemment fabriquée en copie conforme, à s’y méprendre !!! Dans les années qui ont suivi, j’allais parfois remettre cette nouvelle plaque « Rue Michel Bouvard » quand je voulais épater des amis de passage qui cherchaient leur chemin pour arriver chez moi… Il adorait faire des blagues, sans méchanceté aucune mais avec une généreuse complicité. Ses variations à 4 mains sur « Happy Birthday » jouées aux Augustins pour les 60 ans de Willem Jansen témoignent de son plaisir à partager ses joies avec ses amis.

Après ses études à Toulouse durant lesquelles il collabore déjà avec le Père Philippe Bachet, il devient dans les années 90 rédacteur en chef de la Revue « Orgues Méridionales », et publie de nombreux fac-similés et documents, dont une édition remarquée du « Livre d’orgue de Toulouse » (XVIIIe siècle).

Il se fait connaître du monde de l’orgue à la fois par son talent mais aussi par ses coups de gueule contre ce qu’il appelle les « restaurations abusives »… D’un naturel plutôt explosif, son article « Touch’pas à mon orgue – la restauration en question » (1994) fait date, allant à contre-courant de la doctrine ambiante, et ne lui vaut pas que des amis parmi les experts et les facteurs. Curieusement, il rejoint pourtant en cela des considérations analogues, exposées de façon certes moins provocante par un autre « toulousain » qui n’est autre que… Jean Boyer. Ces deux « lanceurs d’alerte », à l’image d’un John Ruskin en architecture, ne communiqueront qu’une seule fois sur le sujet, de façon trop succincte (dixit Jean-Claude), alors que sur bien des points, ils avaient raison avant tout le monde… Plus tard, un de ses grands amis Louis Robilliard exposera lui aussi, notamment par un article dans « Orgues Nouvelles », les mêmes préoccupations. Ce que Jean-Claude considérait comme une altération sans retour des instruments pouvait devenir pour lui une souffrance quasi viscérale. Comme Ruskin pour les édifices vénérables, il pensait qu’à l’extrême « ce que l’on nomme restauration signifie la destruction la plus complète que puisse souffrir un orgue ».

Co-titulaire dès juin 1990 à l’église Notre-Dame-du-Taur à Toulouse, il allait fêter ses 30 ans de présence à la tribune, gardien prudent et avisé du chef-d’œuvre d’Eugène Puget, érigé en 3 buffets en 1880.
Simultanément, il alla habiter à Lavaur comme titulaire et conservateur de l’orgue Cavaillé-Coll (1876) de la Cathédrale, de 1994 à 2005. En 2007, après son retour à Toulouse, je lui proposai d’intégrer l’équipe des organistes de Saint-Sernin. Sur ces trois instruments de haute volée, il a développé tout au long de sa carrière son Art d’organiste liturgique, sa vocation véritable. Son amour des orgues et de ce métier, l’exigence de qualité qu’il impose alors, à lui-même et aux autres acteurs de la célébration, ne feront que croître jusqu’à son dernier souffle, suscitant in fine respect et affection de tous, au premier rang desquels les différents curés avec lesquels il a tant partagé, pas seulement des mots aimables… Au-delà de ses irritations ou colères proverbiales qui pouvaient se transformer la nuit en longs « Emails-bombes », doté par ailleurs d’un humour décapant et d’un cœur grand comme ça, il a toujours entretenu avec ses différents prêtres-employeurs une relation de proximité amicale, parfois filiale.

Tout au long de sa vie, Jean-Claude Guidarini s’est aussi produit comme concertiste, en France et à l’étranger, dans des programmes éclectiques, toujours recherchés et originaux, registrés avec un soin méticuleux. Il pouvait passer des heures à rechercher une combinaison inédite ou le meilleur équilibre, qui le remplissaient de joie. Extrêmement sensible, doué d’un talent musical hors du commun, il emportait l’adhésion des publics par sa sincérité et la pureté de son intention, laissant partout des souvenirs inaltérables qui ressortent aujourd’hui dans les témoignages. Il a défendu entre autres avec passion les musiques oubliées du XIXe siècle, et réalisa de nombreuses transcriptions. Il aimait particulièrement jouer avec d’autres musiciens, chanteurs, percussionnistes, chœurs, etc. Il collabora ainsi depuis des années avec son amie la soprano Nicole Fournié, qui fut présente à ses côtés jusqu’à l’extrême fin.

Ses compétences en facture d’orgue, la science et l’intelligence de son expertise, doublées d’une oreille extrêmement rare pour l’harmonisation des instruments et d’une mémoire à toute épreuve, l’amenèrent à collaborer régulièrement avec des facteurs d’orgues pour des projets de restauration ou de construction d’orgues neufs. Il a travaillé notamment avec son ami Jean Daldosso à l’élaboration de plusieurs instruments innovants (Temple du Salin à Toulouse, Eglise d’Urrugne, Cathédrale de Valence (Espagne), Basilique d’Alençon etc.)

Constamment stimulé par ses propres interrogations et sa « réflexion sur la méthode », pour une future restauration de « son orgue chéri » de Notre-Dame-du-Taur, il se lance dès les années 90 dans une recherche approfondie sur la dynastie Puget, célèbre famille toulousaine de facteurs d’orgues. Grâce à lui, le Musée de Lavaur est aujourd’hui détenteur d’un fonds d’archives important sur la facture des Puget. En attendant la création d’une salle spécifiquement dédiée, il organise dans les années 2000 deux expositions à Lavaur et dans la Ville rose sur « La manufacture Théodore Puget père et fils, facteurs d’orgues à Toulouse ». Il préparait depuis des années un ouvrage important sur les Puget, toujours en cours. Enfin, il avait collaboré étroitement ces dernières années avec Thierry Semenoux, technicien-conseil, pour élaborer un cahier des charges de la restauration de l’orgue Puget du Taur.

Jean-Claude va nous manquer terriblement. Sa disparition est une grande perte pour Toulouse et pour le monde de l’orgue, pas seulement français. Il n’est que de voir les hommages souvent très émouvants qui se multiplient, depuis son décès, sur les réseaux sociaux, venant de toute part, y compris des USA et du Japon. De très nombreux amis, français et étrangers, appellent ou écrivent en disant qu’ils ont « comme perdu une partie d’eux-mêmes ». Au-delà du chagrin très intense qui m’accable, je me suis posé la question de cette expression : « une partie de nous-même »… Et en effet je savais que cet être tantôt solitaire et fragile qu’il fallait alors « porter », tantôt solide comme un roc ou serein comme un vieux sage, entretenait avec ferveur des relations amicales avec des dizaines et des dizaines d’organistes, facteurs, amis divers… dans le monde entier, notamment grâce à Internet. Il était toujours disponible, et c’est alors lui qui nous « portait » toute affaire cessante, quand nous en avions besoin, par ses conseils et ses encouragements.


 

Avec sa bouille, sa tignasse, son sourire, son humour, ses provocs, ses emportements, ses raideurs de gardien du temple ou ses airs négligés de Quasimodo, sa profondeur spirituelle, sa gentillesse, il était un véritable phénomène, un personnage, unique, Desproges eût dit : « étonnant ».

Par-dessus tout, j’oublie peut-être le plus important, il aimait rire, et rire encore, se moquer de lui-même et du monde, bien manger, bien boire, et il cuisinait comme un Dieu, avec une batterie de cuisine digne d’un chef étoilé !

Au même rang que sa passion pour la cuisine, il faut évoquer le Jean-Claude photographe, qui, là aussi, ne faisait pas les choses à moitié : perfectionniste dans la recherche du meilleur cadrage, il développait lui-même ses photos dans une chambre noire qu’il avait installée à Lavaur pour contrôler au mieux ses clichés.

Le matin du vendredi saint, je suis allé travailler l’orgue à Saint- Sernin, pour la première fois depuis trois semaines. Vers 15 heures, le Curé m’a prévenu que j’avais oublié la lumière de l’orgue. Cela ne m’arrive jamais. A 19h, après le décès de Jean-Claude, je suis donc retourné. Marchant dans la ville déserte en essuyant mes larmes, je me suis dit rageusement : « je vais faire hurler l’orgue ! ». Arrivé à la tribune, j’ai appuyé sur le bouton, et la lumière s’est éteinte… On était Vendredi saint. Assommé par la singularité de l’instant, je suis resté là un long moment à la tribune, muet et silencieux comme l’orgue, priant face à cette nef majestueuse, dans un silence assourdissant. Puis je suis rentré, avec Jean-Claude qui me disait à l’oreille : « après le Vendredi saint, il y a Pâques ! ».


Jean-Claude,
Quand je t’ai connu, j’avais 20 ans, et toi 17 !
J’étais de Rodez, et toi d’Espalion.
Pour moi ce n’est pas une page qui se tourne, c’est tout le livre…
Jean-Claude, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Michel Bouvard

 
Lien pour l’écoute des obsèques de Jean-Claude Guidarini qui ont eu lieu vendredi 17 avril 2020 en la Basilique Saint-Sernin de Toulouse :
https://www.youtube.com/watch?v=d0gxIvM2XIU
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Décès d’Odile Pierre le 29 février 2020 à Paris

Odile Pierre est née le 12 mars 1932 à Pont-Audemer. C’est à un récital d’orgue de Marcel Dupré à l’abbaye Saint-Ouen de Rouen qu’elle décide, à 7 ans, de devenir organiste.

Ses études commencent au conservatoire de Rouen : elles se poursuivent au Conservatoire National de Paris d’où elle ressortira avec sept premiers prix. Ses maîtres seront Maurice Duruflé, Noël Gallon, Norbert Dufourcq, Marcel Lanquetuit, Marcel Dupré, Rolande Falcinelli, Maurice Duruflé, etc.

Elle succède à Jeanne Demessieux à la tribune de la Madeleine en 1969.

Professeur d’orgue et d’improvisation, compositeur, concertiste, elle a donné plus de 2000 récitals dans le monde entier.

Membre de la Commission consultative pour la restauration et la construction des orgues de la Ville de Paris, Odile Pierre avait reçu la médaille d’argent de la Ville de Paris. Elle était officier de la Légion d’honneur et commandeur dans l’Ordre National du Mérite.

A lire : www.francetvinfo.fr/culture/musique/fete-de-la-musique/l-organiste-odile-pierre-est-morte-dans-sa-88e-annee_3847679.html

 
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Aspects interprétatifs de la musique ibérique ancienne pour orgue

Barcelone – Cathédrale

Crédit Didier Descouens

par Teresa Hernández Sánchez de l’ordre des hijosdalgos Hernández de Castille, native de la ville de Salamanque

Teresa Hernández Sánchez a réalisé une étude de 69 pages sur les Aspects interprétatifs de la musique ibérique ancienne pour orgue disponible au travers du lien ci-dessous.

Selon l’auteure, la plus grande contribution de la péninsule ibérique à l’histoire de la musique ancienne européenne se produit dans le monde de l’orgue, au travers de la création musicale proprement dite (traités et musique) et du patrimoine instrumental et documentaire. Les orgues qui nous sont parvenus dans leur état d’origine et les documents trouvés dans les archives des églises et cathédrales avec de minutieuses annotations nous permettent de comprendre l’anatomie et la conception des instruments et leur évolution. Au travers de sa réflexion, l’auteure souhaite contribuer à mettre en lumière l’interprétation de la musique ibérique en dehors de son territoire d’origine.

L’étude se concentre sur trois sujets fondamentaux et qui ont une application accessible et « immédiate » pour l’interprète : l’ornementation, l’inégalité et les doigtés. « Pour ce qui est de l’ornementation, il faut préciser que la définition du terme à l’époque était large. Elle faisait référence à « orner quelque chose », et pouvait autant définir la glosa (qui servait à orner un intervalle, et dont l’utilisation était assez libre) que les quiebros et redobles (utilisés pour orner une seule note et dont l’application est systématique). Les ornements que nous étudierons dans ce travail sont ceux qui n’ornent qu’une seule note, du fait que la glosa est un agrément déjà écrit dans une grande partie du répertoire et bien transcrit dans les partitions. L’inégalité, qui fut appelée en castillan ancien Airecillo ou Tañer con buen aire, est une caractéristique rythmique qui ne peut pas non plus être omise, car elle est vivement conseillée et expliquée dans plusieurs traités de façon suffisamment large et détaillée. De plus, elle fait partie d’une façon ou d’une autre des outils interprétatifs de toutes les écoles d’orgue européennes anciennes, fait pour lequel je trouve nécessaire de l’aborder. Quant aux doigtés, il est indispensable de connaitre ceux qui sont conseillés par les auteurs, tels qu’ils apparaissent dans les sources. Ils ne sont pas souvent écrits dans les éditions modernes (et encore moins dans les éditions critiques) car ces auteurs ne les écrivaient pas dans les partitions mêmes mais plutôt dans les préfaces. Par contre, leur bon usage (ou au moins leur connaissance) reste primordiale pour éclairer toute la conception de l’articulation. »

Pour accéder à l’étude de Teresa Hernández Sánchez : Guide-musique-ancienne-iberique.pdf

 
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Eglise Saint-Louis de Vecoux (Vosges) – Inauguration de l’orgue 18/II+P reconstruit par Jean-Christian Guerrier

Vecoux – Orgue en tribune – 2013
Photo : Orgue en Scène

 

L’histoire part d’un premier instrument de 8 jeux (sans pédalier) inauguré en 1867. On le devait aux frères Géhin, installés à Saint-Amé dans les Vosges. Devenu presque injouable dans les années 1990, ce témoin d’une facture locale de qualité méritait mieux que la décrépitude qui le menaçait.

Heureusement, quelques curieux et passionnés sont venus examiner ses nobles restes, ont su y déceler un vrai trésor et, connaissant la qualité du travail des frères Géhin, ont fait le pari de le ressusciter. Grâce à l’autopsie minutieuse menée par son restaurateur, la logique de sa conception a pu être reconstituée et menée à son terme. Une aventure exceptionnelle pour le petit village de Vecoux, menée de concert par l’association Orgue en Scène, créée à cet effet en 2013, la municipalité et la paroisse.

De la rédaction du cahier des charges à la collecte des fonds nécessaires (concerts, recherche de mécènes et de subvention jusqu’au niveau européen), ce furent six années de travail acharné, réalisé dans un esprit communautaire exemplaire dont les points culminants furent les spectacles de la Passion aux Rameaux en 2015 et 2016. Le résultat est là : l’orgue est aujourd’hui retrouvé, reconstruit, restauré et complété dans le respect de son essence.


A l’occasion de cette reconstruction, le nombre de jeux a été porté de 8 à 18, désormais répartis sur deux claviers et un pédalier. L’harmonisation des nouveaux jeux a été réalisée dans l’esprit des frères Géhin, en s’inspirant des autres instruments existants dans la région. Précédemment situé en tribune, l’orgue se trouve désormais dans le transept Sud. Son buffet est constitué par les éléments de boiseries d’un ancien confessionnal au style identique à celui du buffet d’origine, et qui a été surélevé afin de pouvoir loger les tuyaux dans toute leur hauteur et de laisser de la place à la console en fenêtre et à la mécanique. La soufflerie est disposée sur le côté. Le buffet d’origine a été laissé en place avec installation de panneaux peints en trompe l’œil imitant les tuyaux d’origine.

Reste aujourd’hui à faire vivre ce nouvel instrument. L’orgue est d’ores et déjà intégré dans le pool des instruments utilisables par la classe d’orgue de l’école de musique intercommunale de la Porte des Vosges Méridionales. Les nombreuses manifestations de ce type déjà réalisées pour le recueil des fonds nécessaires à la restauration, vont se poursuivre. L’inauguration prochaine constitue à la fois un aboutissement et le début d’un nouveau chapitre de l’histoire de l’orgue et de la vie culturelle à Vecoux et ses environs.

Reste un espoir secret : que ses frères les plus proches bénéficient à leur tour des mêmes soins (Dommartin-les-Remiremont, Saint-Etienne-les-Remiremont et Saint-Maurice-sur-Moselle), car comme le souligne Christian Lutz, « les orgues Géhin, dans l’ensemble bien conservés, font preuve d’une grande solidité et d’une réelle personnalité ». (Inventaire des orgues – Lorraine-Vosges, Editions Serpenoise 1990, p.32).

 

Inauguration :

  • Samedi 15 février à 20h15 : concert des amis musiciens donné par ceux qui ont gracieusement prêté leur concours pour les concerts au profit de la restauration de l’orgue.
  • Dimanche 16 février à 10h30 : Messe de bénédiction présidée par Mgr Berthet, évêque de Saint-Dié, et chantée par les choristes impliqués lors des Passions.
  • Dimanche 16 février à 15h30 : Concert d’inauguration par Olivier Wyrwas, professeur au conservatoire de Mulhouse, qui jouera des pièces de A.P.F. Boëly, E. du Caurroy, W.A. Mozart, R. Schumann et J.S. Bach.

 

Affiche : Orgue en Scène

 

Vecoux – Orgue restauré par Jean-Christian Guerrier – 2020
Photo : Orgue en Scène

 

Composition de l’orgue :

Grand orgue, 54 notes
Montre 8, de Géhin
Prestant, de Géhin
Bourdon 8, de Géhin, d’après les bourdons 16 et 8 de l’ancien orgue.
Gambe 8, de Géhin
Gemshorn 4, neuf, en copie de Géhin, d’après Pouxeux.
Doublette 2, de Géhin
Cornet 3 rangs, de Géhin
Fourniture 2-4 rangs, neuve, en copie de Géhin, d’après Dommartin-lès-Remiremont.
Trompette, de Géhin
Clairon, de Berger, facture très semblable à celle de Géhin.


Récit, 44 notes

Bourdon 8, en partie de Géhin, quelques tuyaux neufs en copie de Géhin.
Flûte octaviante, de l’ancien orgue (H. Didier)
Octavin : en copie de Géhin, d’après la doublette du cornet du grand orgue.
Cornet 2 rangs : en copie de Géhin, d’après le cornet du grand orgue.
Hautbois 8 : en copie de Géhin, d’après Pouxeux.


Pédale, 27 notes

Soubasse 16, en partie de Géhin, d’après le bourdon de 16 de l’ancien orgue.
Flûte 8, en copie de Géhin, d’après Pouxeux et Dommartin-lès-Remiremont.
Trompette 8, jeu en attente, en copie de Géhin, d’après Pouxeux.

Tirasse grand-orgue

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150ème anniversaire de la naissance de Louis Vierne (1870-1937)

   Louis Vierne à St Nicolas du Chardonnet

Pour célébrer le 150ème anniversaire de la naissance de Louis Vierne qui aura lieu le 8 octobre prochain, un mini-festival était prévu à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il aurait permis d’entendre l’intégrale des six symphonies, la messe solennelle, et d’autres pièces du compositeur. Les circonstances dramatiques d’avril dernier en ont malheureusement décidé autrement.

 

Quelques-uns des événements liés à cet anniversaire sont maintenus : tout d’abord, au CNSM, la masterclasse de Ben van Oosten et les conférences de Brigitte de Leersnyder et de Jean-Marc Leblanc, ainsi que deux concerts « autour de l’orgue » qui permettront d’entendre des œuvres de musique de chambre et des œuvres vocales de Vierne.

 

Le programme du festival est le suivant :

  • Lundi 27 janvier :
    – 10h : Conférence « Louis Vierne, sa vie, son oeuvre » par Brigitte de Leersnyder
    – 13h30-17h30 : Masterclasse avec Ben van Oosten (Vierne et Widor)
  • Mardi 28 janvier :
    – 10h : Conférence « Louis Vierne et la facture d’orgue » par Jean-Marc Leblanc
    – 13h30-17h30 : Masterclasse avec Ben van Oosten (Vierne et Widor)
  • Mercredi 29 janvier :
    – 19h : Concert « autour de l’orgue » au CNSM avec Louis Jullien
  • Mercredi 29 janvier :
    – 20h30 : Concert Ben van Oosten à l’église d’Auteuil
  • Jeudi 30 janvier :
    – 13h : Concert Dominique Levacque à l’Institut National des Jeunes Aveugles
  • Vendredi 31 janvier :
    – 19h : Concert « autour de l’orgue » au CNSM avec Constance Taillard

On trouve le détail complet des concerts sur le document en PJ : Programme Vierne – Paris janvier 2020.pdf


Illustration : Louis Vierne à l’inauguration de l’orgue de tribune de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris le 8 décembre 1927.

 
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Dessine-moi un orgue !

Le magazine Orgues Nouvelles propose à tous les jeunes musiciens de publier leur dessin d’orgue.

« S’il te plait… apprivoise-moi ! »… dit l’orgue au petit prince.

« Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n’ai pas beaucoup de temps. J’ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître. – On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi ! »

Apprivoiser l’orgue, apprendre à le connaître, à le côtoyer, à en sortir ces sons tour à tour fracassants et sublimes qui transportent nos petits princes vers des mondes sonores inouïs. Et le dessiner, pour mieux peut-être, justement, s’en faire un ami…

Orgues Nouvelles s’adresse à tous les jeunes musiciens qui souhaitent mettre en image leur vision de l’instrument : ils peuvent envoyer par mail ou voie postale le fruit de leurs travaux. Tous les dessins qui seront parvenus avant le 15 janvier 2020 trouveront place dans l’espace réservé du site de la revue – voire, pour certains, dans les prochains numéros – accompagnés de la photo, du nom, du prénom et de l’âge de chaque participant.

Les dessins, accompagnés des nom, prénom, âge et photo de l’auteur, doivent être envoyés par mail (redac@orgues-nouvelles.org) ou par courrier postal (Orgues Nouvelles, Coët-Sal-Mériadec, 56400 Plumergat, France).

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Emission d’un timbre consacré à la facture d’orgue par La Poste

Disponible en février 2020.

La série Métiers d’art inaugurée en 2016 a pour but de mettre en lumière divers métiers d’art en France et les savoir-faire rares, traditionnels ou innovants des artisans. En collaboration avec la direction de La Poste, un timbre-poste est édité dans cette collection pour mettre à l’honneur la facture instrumentale d’orgues. Ce timbre, imprimé en taille douce, illustre la profession de facteur d’orgues, le geste technique et les outils utilisés. Pour la première fois, la Poste tentera une impression avec encre argentée pour sublimer les tuyaux.

L’instrument retenu pour illustrer ce timbre est l’orgue 25/III+P de l’église Notre Dame de Saint Didier-au-Mont-d’Or (Rhône) réalisé en 2014 par la manufacture Michel Jurine.

Un tirage de 800.000 exemplaires à 1,40 € est prévu. S’y ajoutent 4.500 exemplaires à 6 € (document philatélique) et 30.000 exemplaires à 4 € (souvenir philatélique).


On trouve toutes les informations techniques sur : https://www.wikitimbres.fr/timbres/12017/2019-metiers-dart-facteur-dorgues

 
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Jean-Pierre Leguay – Portrait d’un compositeur et improvisateur

Ce livre, qui vient de paraître, est consacré à l’organiste titulaire émérite de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Il introduit à sa musique pour instruments seuls, et pour ses musiques de chambre et vocale. Il est enrichi d’entretiens, de ses principaux articles écrits pour des colloques et revues, des extraits de lettres. L’ouvrage commente aussi d’amples moments vécus dans l’atelier, observe de près l’artisan au travail, converse avec le compositeur, écoute ce qu’il dit de son oreille, de sa quête, de son horizon, du monde environnant.

Des compositeurs, des interprètes, d’anciens étudiants s’expriment avec l’auteur, étudient, scrutent, témoignent ; l’acuité de leur regard accompagne l’approche, ouvre et dilate la perception, capte la vie des œuvres.

« Dans le voisinage de commentaires analytiques, la lecture de bien des pages ne requiert aucune connaissance technique particulière. Elles parlent de rencontre, de relation entre la musique et l’homme-mélomane, de la disponibilité, de l’écoute, de la mémoire, du corps,… »
JP. Leguay


Éditions l’Harmattan
Parution : le 29/10/19
Format : 155 x 240 – 360 pages – ISBN : 978-2-343-18166-0
37 €

On peut également se référer au site internet de Jean-Pierre Legay : www.jeanpierreleguay.com/   _____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________18/11/2019

« Du bruit à la musique – Devenir organiste » un livre de Marie Baltazar.

Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSM)
Salle d’orgue Vendredi 22 novembre de 18h00 à 19h00
Présentation du livre « Du bruit à la musique – Devenir organiste » par l’auteure Marie Baltazar

Des traités d’instrumentation, des livres sur la musique, des biographies de compositeurs, des ouvrages sur les orgues et sur la facture, il y en a de très nombreux. Mais des livres sur les organistes eux-mêmes ?… C’est là toute l’originalité du livre que Marie Baltazar a écrit. Ethnologue, elle s’est intéressée à eux, à ces hommes et ces femmes, professionnels ou amateurs dont le métier et/ou la passion est de faire parler l’instrument dans le secret duquel ils se cachent. Au travers des chapitres, elle nous décrit les étapes de l’apprentissage et du parcours d’un organiste.

Le monde des organistes est un monde à part : on y entre souvent par coup de foudre, par « ravissement » comme le dit joliment l’auteure, parfois par un simple concours de circonstances. On ne le découvre vraiment que plus tard, à mesure que sa complexité apparaît. L’auteure a travaillé son sujet et le connaît. A partir d’observations de terrain (stages, concerts, messes, inaugurations) et de rencontres multiples, elle a acquis une très bonne connaissance de notre petit monde ; elle ira même jusqu’à étudier l’orgue quelques temps pour mieux en pénétrer les codes.

Comment, dans quel cadre et en quelles circonstances les organistes ont-ils rencontré leur instrument ? Quelle a été la part de la famille, de l’Eglise, des conservatoires, dans l’émergence de leur vocation ? Comment vivent-ils le fait que souvent, c’est plus l’orgue lui-même que l’interprète que l’on vient écouter ? Quels sont les savoir-faire nécessaires au jeu de l’orgue, et comment en fait-on l’acquisition ?… Autant de questions auxquelles l’auteure a cherché à répondre, au travers des entretiens qu’elle a eus avec une trentaine d’organistes.

Un peu à la manière d’un peintre impressionniste, l’auteure construit sa vision d’ensemble par petites touches. Son livre est une conversation, un débat qu’elle anime entre des musiciens. S’il s’adresse au grand public, il intéressera évidemment tous les organistes qui s’y retrouveront et accessoirement, s’amuseront à reconnaître leurs confrères seulement désignés par leurs prénoms, derrière leurs citations.

« Aux concerts d’orgue, il y a plein de gens qui vont écouter un instrument, ça c’est vraiment gênant, moi j’ai l’impression que plus tu donnes de valeur à l’instrument et moins tu donnes d’importance à l’interprète et à tout ce qui est subtilité » déclare un organiste interrogé. Ce livre, parfois drôle et souvent touchant, rend justice aux organistes et nous ramène au côté humain du plus grand des instruments de musique. Comme un miroir, il donnera peut-être à ceux qui aiment l’orgue, les clefs pour transmettre leur passion.

 

La présentation sera suivie d’un pot convivial et d’une séance de dédicace.

Entrée libre et gratuite, dans la limite des places disponibles Le CNSMD de Paris est situé 209 avenue Jean-Jaurès (Paris XIXe) (métro ligne 5, arrêt Porte de Pantin) L’entrée s’effectuera par l’accès des spectacles donnant sur le parc de la Villette.

  « Du bruit à la musique – Devenir organiste »
Marie Baltazar
Editions de la Maison des sciences de l’homme, en partenariat avec le ministère de la Culture.
256 pages illustrées, 22 euros
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